Le malade imaginaire

2 décembre 2006 par - Weblog

Tim Lüder le rédacteur du projet de recommandation visant à supprimer au profit des DRM l'exception pour copie privée était il y a encore quelques jours en pleine forme pour défendre la vision d'un droit d'auteur soumis aux desiderata des industriels de l'informatique et de l'électronique grand public.
Vendredi matin, le pauvre garçon était tellement malade qu'il n'avait pu respecter ses engagements et venir expliquer de vive voix aux artistes réunis par l'Adami à Cabourg pourquoi il souhaitait supprimer la rémunération pour copie privée. Il est vrai qu'il préfère la fréquentation sûrement plus chic et moins toc des cénacles industriels.
La commission européenne était toutefois représentée par l'avenante Lorena Boix Alonso membre du cabinet de la commissaire à la concurrence Neelie Kroes qui s'est déclarée d'emblée incompétente pour aborder cette question.
Incompétente, mais néanmoins consciente que la recommandation sur la musique en ligne avait déjà commencé à produire des effets pervers en affaiblissant les sociétés de gestion collective des petits pays, renforçant ainsi le poids des puissantes majors de la musique au détriment du pluralisme et la diversité. Un beau résultat pour une autorité chargée de veiller au respect des règles de concurrence.
En ce qui concerne la copie privée, on peut désormais comparer les services de la direction du marché intérieur aux troglobies ces animaux cavernicoles qui fuient la lumière du jour.
Car après avoir élaboré dans le plus grand secret un projet de recommandation et que ce texte ait été rendu public à la suite d'une fuite interne à la commission, les troglobies ont décidé d'organiser à la hâte une concertation formelle dont les résultats n'ont naturellement en rien modifié l'approche initiale préalablement écrite sous la dictée des milieux industriels.
Les résultats de cette consultation n'ont été publiés qu'à la suite d'une protestation formelle auprès du cabinet du commissaire et comme par hasard le lendemain d'un billet où je m'interrogeais sur les raisons de cette opacité.
Mais le pire dans cette affaire, est le dévoiement de la démocratie en Europe dont le système de recommandation est l'illustration.
Car de quel droit et avec quelle légitimité ces fonctionnaires peuvent-ils prétendre bouleverser le fonctionnement d'un système qui depuis plus de 20 ans concilie l'accès des consommateurs aux oeuvres et la légitime rémunération de tous les créateurs?
Ceux qui réclament à grand renfort de proclamations mensongères, la transparence des sociétés de gestion collective feraient mieux comme viennent de le demander de nombreux parlementaires européens de s'appliquer à eux-mêmes ce principe et de sortir enfin de leurs cavernes pour s'expliquer avec ceux qui font l'Europe de la culture.

Pascal Rogard

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