L’hotel du libre échange

11 février 2009 par - diversité culturelle

Tous ceux qui pensaient que la ratification massive dans le cadre de l'UNESCO, par près de 100 Etats de la convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles allait mettre fin à la tentation de l'Union Européenne de mettre la culture sur la table des négociations commerciales se sont lourdement trompés.

A Bruxelles, l'hotel du libre échange est ouvert jour et nuit.

Chassez le naturel, il revient au galop avec en prime dans le role de la victime consentante la DG culture de la Commission  qui n'est pas choquée de négocier dans le cadre d'un accord commercial avec la Corée dont on ne peut dire qu'elle est un pays sous développé un accord sur les politiques culturelles.

La caméra explore le temps et la Commission Européenne dans un superbe flash back revient  subrepticement à la période de l'Uruguay round ou l'on prétendait échanger  la libéralisation des transports maritimes américains contre celle des services audiovisuels européens.

Dans le cadre des négociations avec la Corée, c'est l'automobile qui tient le devant de la scène, mais les productions audiovisuelles et l'animation sont aussi incluses dans le terrain de jeu des négociateurs commerciaux qui n'en demandaient pas tant.

Une fois de plus, il reviendra à la France d'être ferme et d'empêcher ce lien mortel entre négociations commerciales et accords culturels. C'est à l'aune de ce type de décision que l'on jugera si la récente réaffirmation des ambitions culturelles de notre pays  est autre chose qu'un discours de circonstance.

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Commentaires (7)

 

  1. redrum dit :

    Juste une question. En quoi ce rapprochement bilatéral Corée Union européenne serait il si dangereux pour nos industries audiovisuelles et cinématographiques?

    Avez vous peur que nos salles ou nos écrans de toutes sortes soient inondés de films coréens? Ce billet d’humeur n’est il pas symptomatique de notre peur de l’autre?

    Rappelons, dans la même lignée, que la profession n’a pas eu le courage d’ouvrir le fonds de soutien aux films produits par les américains même s’ils sont parfaitement culturellement français et que, de nos jours, vérifier l’appartenance d’une société de production à une nation extra européenne relève d’un réel défi!!!

    En conséquence, l’Etat, via un crédit d’impôt international, a du créer une dépense fiscale supportée par tous nos concitoyens pour des films qui seront sans doute moins culturellement français que ceux qui auraient pu bénéficier du soutien financier alors que la profession, peu partageuse et peu courageuse, aurait du accepter une concurrence interne qui aurait pu dynamiser nos gros producteurs institutionnels.

    L’étranger, cher à Camus, nous révèle à nous même!

  2. Pascal Rogard dit :

    Je comprends que vous ne soyez pas informé de toutes mes prises de position.
    Mais si vous l’étiez, cela vous aurez épargné le plaisir d’écrire ce commentaire et à moi de le lire car je me suis toujours clairement prononcé en faveur de l’ouverture du soutien financier aux films d’expression française comme « Un long dimanche de fiançailles » même s’ils sont produits par une société controlée par des capitaux extra européens.
    Je suis comme vous choqué que ce type de films ne bénéficient pas de l’aide publique alors que des films culturellement étrangers bénéficieront du crédit d’impôt international.
    Et je vous renvoie à mon billet du 26 avril 2008.

  3. redrum dit :

    Décidément, je vois que nous partageons quelques réflexions communes sur notre système…

    mais, pour revenir à nos moutons, qu’en est il des risques réels sur une ouverture à la Corée?

  4. Pascal Rogard dit :

    Il y a de sérieux risques économiques pour l’animation, mais le plus important c’est la question de principe de remettre la culture dans le périmètre des négociations commerciales

  5. redrum dit :

    Malheureusement, l’instrument normatif de la convention UNESCO n’est pas une garantie sans faille contre des accords de libre échange dans le domaine culturel.

    Les déclarations d’intention juridique, même si elles sont louables, ne peuvent être d’application directe, surtout au regard d’autres conventions internationales ayant le même rang normatif juridique…

    Toutefois, politiquement , avec un pays qui a su développer une politique de protection culturelle importante comme la Corée, n’y a-t-il pas lieu à quelques questions sur la pertinence d’un rapprochement entre la DG culture, donc l’Union européenne, qui promeut la diversité des cultures de l’Union européenne et la Corée qui a démontré toute sa pugnacité pour protéger son industrie culturelle.

  6. Colombier dit :

    Je crains qu’il ny’ait plus grand chose à attendre de la Commission européenne dans l’arbitrage entre libéralisme et diversité culturelle.
    Le démantellement de la gestion collective des droits d’auteur en matière musicale l’illustre tristement.
    Il n’y a qu’à lire les passages de la récente décision CISAC consacrés à la prétendue prise en compte des objectifs de la Convention UNESCO, c’est sans ambigueté…

  7. Pascal Rogard dit :

    Les professionnels coréens se sont battus pour défendre leur système de protection qui a permis à leur cinéma national de résister aux films d’Hollywood. Mais leur gouvernement a cédé face aux pressions américaines et les quotas à l’écran ont été significativement diminués.
    A ce jour la Corée n’ a toujours pas ratifié la convention Unesco sur la diversité culturelle.

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