Cinéma et commerce

20 mai 2009 par - audiovisuel, diversité culturelle

Le CNC a pris l'excellente initiative d'organiser pendant le festival de Cannes un colloque sur le thème "Cinéma et commerce".

Objectif de la réunion faire le point des négociations bilatérales engagées par l'Union Européenne avec la Corée et réfléchir à un cadre adéquat permettant la mise en oeuvre de la convention Unesco sur la diversité culturelle qui prévoit des accords de coopération entre les Etats.

Voir côte à côte la ministre de la culture et de la communication Christine Albanel et la secrétaire d'Etat au commerce Anne-Marie Idrac défendre la nécessité de maintenir l'audiovisuel à l'écart des négociations de libéralisation des services est en soi une exception française car dans beaucoup de pays les commerciaux ignorent les cultureux et les accords sont négociés sans que les politiques censés défendre la création y soient associés.

Mais la France membre de l'Union Européenne n'a pas la maîtrise de négociations commerciales qui sont menées par la Commission Européenne dont le tropisme est toujours d'essayer d'améliorer ses marges de négociation en réintroduisant les services audiovisuels dans les marchandages.

C'est ce qu'elle a fait dans les négociations avec la Corée qui voient se dérouler simultanément et avec les mêmes interlocuteurs des discussions purement commerciales et la négociation d'un accord de coopération culturelle.

Que la Corée n'ait pas ratifié la convention Unesco n'est d'ailleurs pas un obstacle car la convention n'est que le paravent d'échanges sonnants et trébuchants.

Au débat Cannois le représentant de l'Union européenne s'était fait porter pale, mais il est vrai que lorsque l'on prépare un mauvais coup mieux vaut rester dans l'ombre.

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Commentaires (16)

 

  1. Philippe Axel dit :

    Cher Monsieur en dénonçant constamment le principe de financement de la création sur Internet par des transferts de ressources comme étant une logique « collectiviste », et en soutenant la Hadopi qui laisse les acteurs commerciaux créer leurs propres accords contractuels (les abonnements illimités), vous avez ouvert la voie à nouveau à la considération de l’audiovisuel comme étant une marchandise comme une autre à traiter au sein de l’OMC.

    Il faut dire que les livres de Denis Olivennes et d’Olivier Bomsel où l’on peut lire dans l’un comme dans l’autre que la culture est une marchandise et que l’état y fourre trop son nez, ont bien aidé à cela.

  2. Pascal Rogard dit :

    Ne mélangez pas tous les problèmes, sinon vous allez devenir monomaniaque et c’est très mauvais pour le coeur.

  3. Philippe Axel dit :

    Ces problèmes sont mélangés et vous le savez très bien.En ce qui concerne mon coeur il est certain que je n’ai pas comme vous la possibilité de m’aérer Cannes chaque année dans un concours de petits fours champagne au frais des auteurs comme moi que vous étiez sensé défendre à l’instar des producteurs de cinéma.

  4. Lucien Véran dit :

    Bonjour.
    Remarques :

    1/ Mélangez les écrits de Denis Olivennes et d’Oliver Bomsel c’est un peu comme commander un big-mac dans un trois étoiles…

    2/ L’étonnant c’est qu’une union plus importante au final en potentiel que les états unis « négocie » avec la Corée …

    3/ Bien savant celui qui résoudra conceptuellement la question de la séparation du culturel et du marché.

    Surtout lorsque du cinéma l’on passe à l’audiovisuel et que les industries des télécoms rentrent dans la danse.

    C’est évidement toujours plus complexe, des marchés (et pas un) des réseaux, des instituions des sociétés civiles, des technologies de réseaux et de marchés…

    4/ Cannes semble fonctionner sur du non dit autant que sur des conversations.

    – Les médias grands publics illustrent la partie créative et attirent le chaland par une forte, people-lisation.
    – Les institutions de la « Culture – cultureuse » réunissent leurs habitués et leur tiennent des discours assez convenus et parfois risibles (le représentant d’une certaine région se réjouissait d’avoir aidé des films dont il ne connaissait pas les titres mais il était sûr qu’ils étaient « culturels » )

    – Le marché (les marchés) assurent dans la soute et dans les suites le sale boulot de vente et d’achats de droits, de prise d’options, de promesse, de garanties….

    Faute de pouvoir distinguer culture et marché (mission impossible ?) l’on compartimente les espaces de discours et chacun s’y retrouve.

    5/ Ce n’est pas sodomme mais ce n’est pas la crise annoncée non plus, un crédit d’impôt champagne doit avoir été voté.

    Bonne journée.

    Lucien véran.

  5. Tokusatsu dit :

    J’aurais une question qui tombe bien sur votre sujet c’est quoi exactement l’exception culturel sur de nombreux forum on dit que c’est à cause ça qu’en France on paie tout plus cher et qu’on a nos films plus tard que dans les autres pays, donc c’est quoi SVP exactement l’exception culturel? Merci

  6. Pascal Rogard dit :

    On raconte n’importe quoi sur les forums
    L’exception culturelle que l’on appelle maintenant diversité culturelle, c’est une politique visant à exclure la culture des négociations commerciales internationales sur la libéralisation des échanges commerciaux et donc à éviter notamment dans le cinéma la domination des films hollywoodiens en permettant aux Etats de mener une politique de soutien à leurs activités culturelles sans être soumis aux contraintes de l’OMC ou des accords bilatéraux de libre échange.
    Pour la diffusion des films de cinéma en salles leur date de sortie relève du libre choix des distributeurs et aucune règlementation n’empêche la sortie d’un film américain en salles en France avant sa sortie américaine ou simultanément avec cette sortie.
    Depuis plusieurs années et en vue de lutter contre la piraterie les majors d’ Hollywood essaient dans la mesure du possible de faire des sorties mondiales.

  7. Stun dit :

    J’ai pas vraiment tout compris (désolé, sortis du langage technique j’ai parfois du mal à suivre). Concrètement l’exception culturelle Française signifie qu’on régule les oeuvres d’autre pays pour permettre à celles du notre de survivre?

    Donc pourquoi des députés UMP nous annoncaient qu’HADOPI sauverais notre exception culturelle? Y dit qui voit pas le lien.

    @Lucien véran. : +1

  8. Tokusatsu dit :

    Merci pour la réponse, mais j’aimerais en savoir plus, j’ai été sur des dizaines de sites pour savoir ce qu’est l’exception culturelle et j’ai toujours pas de vrai réponse.

    En fait je veux savoir quels sont les avantages et inconvenant pour moi (je suis pas du tout fan de ciné Français)?

    Sur un aut’ site on m’a dit que sans l’exception j’aurais pas de films doublés.

    Est-ce à cause de l’exception culturelle que ma place de cinéma est aussi cher, comme mon DVD/Blue Ray.

    pourquoi les films Américain et Japonais sortent 6 mois après et pas 3 mois comme aux USA, ces films ne sont pas Français en quoi sont ils concernés par notre chronologie des médias?

  9. Pascal Rogard dit :

    Vous pouvez aller sur le site de la coalition française pour la diversité culturelle.
    Quant à la chronologie des médias ,elle s’applique à tous les films sans discrimination de nationalité. Dans le cas contraire ses effets seraient bien évidemment beaucoup plus limités.

  10. Philippe Axel dit :

    La diversité culturelle ne remplace pas l’exception culturelle.Excusez-moi mais je ne peux pas vous laisser dire cela, c’est extrêmement important. La diversité culturelle c’est l’objectif, l’exception culturelle c’est le moyen d’y parvenir.D’ailleurs le site de l’Unesco a bien toujours une page qui l’explique: http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-URL_ID=18683&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

  11. Pascal Rogard dit :

    C’est une très bonne formule de Jacques Toubon. De toute façon on est dans le concept médiatique et non juridique et sur ce plan là la diversité culturelle concept emprunté à nos amis canadiens a bien remplacé celui d’exception culturelle trop connoté protectionniste et correspondant à la période de la bataille du GATS.

  12. Philippe Axel dit :

    Jacques Toubon est un ultralibéral, ministre de la culture d’Édouard Balladur , il n’a défendu alors l’exception culturelle que parce que Jacques Chirac et François Mitterrand l’avaient exigé, lesquesl en avait fait un de leur cheval de bataille. Sarkozy et la Hadopi c’est la logique inverse. C’est un américain à Paris.
    http://www.philaxel.com/2009/03/19/blog-musical/la-revolution-musicale-chapitre-complet-en-pdf-l%e2%80%99exception-culturelle/

    « Il n’y a pas en France de culture d’État, et il n’y en aura pas, et je m’efforcerai toujours d’empêcher qu’au nom de l’État, l’on tente d’imposer une certaine culture. L’État, sous toutes ses formes, est au service des citoyens. La culture donc que nous avons à encourager, à promouvoir, à faire renaître, c’est une culture qui fait de l’homme un citoyen responsable ».Jacques Toubon
    “L’exception culturelle est morte” Jean marie Messier
    « Moi je vais vous dire un truc que vous allez peut-être trouver scandaleux, mais moi je trouve cela très bien que la musique soit un produit de consommation” Pascal Nègre
    « il n’y a pas d’exception culturelle » Olivier Bomsel
    « la culture est un objet de commerce. » Denis Olivennes
    “la diversité culturelle a remplacé l’exception culturelle” Pascal Rogard

    Je tiens à votre disposition toutes les références précises de ces citations.

  13. Pascal Rogard dit :

    Si vous aviez participé à la bataille du GATS en 1993, vous ne qualifieriez pas Jacques Toubon d’ultra libéral. Orgueil et préjugés.
    L’Adami qui n’est pas connue pour soutenir les hommes politiques ultra libéraux vient d’ailleurs à juste titre de lui rendre hommage pour son action au Parlement européen en faveur de la défense des droits des artistes interprètes.

  14. Pascal Rogard dit :

    Victor Hugo était pour un domaine public payant selon le principe que « les morts doivent payer pour les vivants ».

  15. Philippe Axel dit :

    Pascal Rogard interprétant Victor Hugo:
    « Le livre, comme livre, appartient à son éditeur, mais comme pensée, il appartient le mot n’est pas trop vaste aux sociétés de gestion collective. »

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