Forum à Avignon

7 novembre 2010 par - économie numérique

Pour sa troisième édition le forum d'Avignon avait placé les usages numériques au coeur des débats. Un choix qui a donné lieu à un passionnant dialogue  inaugural entre Arjun Appadurai et Bernard Stiegler sur le role de la culture dans le processus de mondialisation.

Un choix qui a aussi empêché un véritable débat entre  auteurs et artistes beaucoup moins présents que les années précédentes et industriels de la culture ne parlant plus de films,de livres, de musique mais utilisant toutes les dix secondes, cet horrible mot de contenu qui permet de "consommer du Kant" sans doute comme des yoghourts.

La discussion entre Frédéric Mitterrand très en forme et Neelie Kroes la dame de fer de Bruxelles a clairement montré la différence d'approche entre une politique qui vise à défendre les oeuvres et celle qui prétend offrir aux consommateurs européens des services.

Nelly Kroes empiètant sur les compétences de son collègue Michel Barnier a affirmé sous couvert d'une ambition d'améliorer les rémunérations des créateurs, son intention de réformer profondément le droit d'auteur considéré comme un obstacle au développement du marché unique. Une approche aussi vieille que la commission, elle même, puisqu' au moment de l'élaboration de la première version de la directive télévision sans frontières le droit d'auteur ce pelé ,ce galeux devait déjà être réduit en bouillie pour favoriser le développement de télévisions européennes transnationales.

Heureusement , grace à l'époque à la fermeté de Jack Lang, les idéologues du marché unique furent renvoyés à leurs chères études,le droit d'auteur renforcé  sans que le développement des services de télévision en soit affecté.

A retenir aussi la confrontation entre Antoine Gallimard et un représentant de google spécialement formé à ne jamais répondre aux questions posées,confrontation entre une conception artisanale de l'activité d'éditeur fondée sur le respect des auteurs et de leur droit moral et une société gérant des services en utilisant à son profit un patrimoine créé par d'autres.

Au crédit des organisateurs ,on mettra la bonne idée d'inviter des étudiants et leurs professeurs permettant un sérieux rajeunissement de l'audience et le début de matinée consacré aux apports concrets des nouvelles technologies, le paradoxe étant que les spécialistes de la présentation dite moderne avec slides au menu furent bousculés par la prestation ébouriffante d' Hector Obalk expliquant de façon à la fois savante et clownesque les couleurs de la palette du Titien.

Aux termes de ces deux journées non dénuées d'intérêt mais frustrantes, ce qui a manqué c'est la présence et l'expression singulière des auteurs et artistes loin des langages formatés des spécialistes du marketing . Ils auraient sans doute comme le producteur Aton Soumache rappelé que la création a besoin d'investisseurs capables de prendre des risques et que les nouveaux modèles économiques fondés sur le partage des revenus ignorent cette dimension sans laquelle il n'y a rien à partager.

Enfin aux auteurs et ils sont nombreux qui ne reçoivent jamais de comptes d'exploitation de leurs oeuvres, je conseille de regarder grace à l'aimable complicité de l'ARP un film avec Jean Yanne en Sherlock Holmes, chef d'oeuvre d'humour involontaire qui prouve que les problèmes de transparence des coûts et recettes sont aussi anciens que le cinéma lui même.

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