Réinventer la fiction française

25 juillet 2011 par - Weblog

De colloques en débats, la fiction française s' introspecte , mais parait encore loin d'avoir trouver les voies d'un nouvel élan durable lui permettant de reconquérir un public qui en France plus qu'ailleurs semble friand des séries américaines.

Notre pays s'enorgueillit pourtant d'un système règlementaire puissant censé assurer le financement de la création et  l'indépendance de la production et de règles contraignantes encadrant sa diffusion.

Mais ce régime qui permet au cinéma français de dominer les autres cinématographies européennes ne donne pas de résultats équivalents pour la création audiovisuelle.

L'étude conduite par le CSA sur le sujet est instructive et il s'en dégage trois enseignements fondamentaux :

"- la place de la fiction américaine demeure prépondérante sur les chaînes gratuites, infirmant l'hypothèse d'une « fin de cycle » pour ces programmes. Tandis que la diffusion de l'ensemble de la fiction a enregistré une baisse de plus de 4 000 heures entre 2008 et 2010, les programmes américains n'ont reculé que de 55 heures sur la même période. Le public demeure au rendez-vous, comme en témoignent les 62 places occupées dans les 100 meilleures audiences de l'année ;

- bien qu'elle progresse très légèrement en première partie de soirée (+ 5 heures entre 2009 et 2010), la fiction française enregistre en 2010 une quatrième année consécutive de baisse de son volume horaire de diffusion, en raison de la réduction de l'exposition des productions nationales hors première partie de soirée. Cette baisse de la diffusion s'accompagne en outre d'une réduction du financement de la fiction française déclaré par les chaînes en 2009, en partie du fait de la diminution des chiffres d'affaires publicitaires des chaînes privées en 2008 ;

- de nouveaux programmes de fiction française ont recueilli des audiences significatives. Ces résultats encourageants illustrent le mouvement de renouvellement de la fiction française, en termes de personnages fédérateurs et de sujets abordés."

L' analyse du CSA est strictement factuelle et ne propose aucune solution pour sortir de ce marasme.

Quant aux professionnels,auteurs ,producteurs ,diffuseurs, il savent se rejeter la responsabilité de la situation,mais srarement proposer de solutions communes .

Deux idées fortes pourraient cependant recueillir un large consensus.

La première est que la phase de développement des projets doit faire l'objet d'un effort de financement plus important, car c'est à ce stade que l'imagination peut être au pouvoir.

La seconde est qu'à force de chercher l'audience ,on ne trouve que le formatage des écritures qui empêche le renouvellement des formes et des sujets. Laisser les talents s'exprimer,faire taire les bourrins du marketing sont les  conditions de la réussite.

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Commentaires (5)

 

  1. Lucien Véran dit :

    Nous sommes tous des bourrins.

    Pascal,Vous êtes un peu dur avec les « bourrins » en question et vous fondez un peu trop peut être sur l’idée que plus d’argent en développement induit plus de succès. Cela reste à prouver.

    En illustrant d’ailleurs votre propos par « Plus belle la vie » vous vous contredisez légèrement. Voilà bien une fiction très marketée (ce qui n’est pas un gros mot) avec suivi à la culotte des audiences et correction des orientations scénaristiques à la moindre alerte sur les audiences.

    Sans chercher à tout prix le débat, l’imagination existe aussi chez les gens du marketing et plusieurs formats français courts récents sont bien des mix réussis (ou des compromis) entre liberté de l’écriture et prise en compte des réactions des publics.

    Bonne journée.

    Lucien véran. Bourrin universitaire

    • Pascal Rogard dit :

      C’est oublier un peu vite que si on avait écouté non pas les bourrins mais les as du marketing « plus belle la vie » aurait disparu des petits écrans dans les 3 semaines suivant sa première programmation et qu’on en parlerait comme d’un accident industriel de la fiction française.
      Amitiés

      • Lucien Véran dit :

        Là Pascal vous parlez des vrais bourrins de l’audimat de court terme…je veux parler plutôt des professionnels qui savent mixer liberté de l’auteur et compréhension des réactions des publics. Amicalement.

  2. Lulu77 dit :

    « colloques », « débats », « fiction », « réinventer », c’est de l’humour sémantique.

  3. Greg dit :

    Bonjour,

    J’arrive ici un peu tard mais tant pis.
    Merci à Pascal tout d’abord pour son engagement et ce blog qui permet de commenter et de s’exprimer.

    Je suis stupéfait d’une chose qui semble passer totalement inaperçu de tous (mouais…) et qui moi, comme à beaucoup d’autres, me saute aux yeux.

    Les séries françaises sont affichées comme victimes des
    séries américaines, un peu facile. L’argument présenté comme principal serait le budget, soit, mais c’est tout de même l’arbre qui cache la forêt.

    Messieurs les responsables des séries françaises (ils se reconnaitront peut-être), sachez que les séries représentent la société… Alors certes, une série française devance, je dirai même asphyxie sa concurrence française, mais pour combien de temps ? Elle porte la responsabilité dans un futur (proche?) de faire disparaitre avec elle le reste du genre…

    C’est un mono format qu’on nous affiche alors qu’une série n’est regardée que par ce qui s’y identifient… la population française en résumé.

    OR en 2011, on affiche une photo avec uniquement des bons français biens clairs de peau : il suffit de regarder la photo du début du sujet PBLV avec 22 personnages de type « Caucasien » (cf. casting affiché de la sorte)

    Messieurs les producteurs/réalisateurs… sortez dans les rues, tout simplement et afficher la diversité de la France, vous n’aurez pas à craindre la concurrence en France des séries qui ont elles compris.

    Bonne journée 🙂

    Greg

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