Les Européens paieront

15 juin 2013 par - Weblog

DR

Ainsi grâce à la fermeté du Président de la République François Hollande et de son gouvernement, grâce  au soutien du Parlement Européen, de  responsables politiques de tout bord dans tous les pays de l' UE, grâce à l'exceptionnelle et enthousiaste mobilisation des créateurs partout en Europe ,l'exception culturelle sera préservée.

Elle le sera malgré l'incroyable cafouillage de la commission européenne incapable de résister aux sirènes de ses extrémistes libéraux dont Karel de Gucht est la caricature.

Ce qu'il faut retenir c'est que rien n'est jamais acquis car contrairement à ce qu'affirmait aux rencontres cinématographiques de Beaune, Pascal Lamy alors commissaire aux commerce nous n'avons ni ceinture, ni bretelles pour préserver le droit de mener librement des politiques de soutien culturel, si ce n'est la détermination des pays qui refusent le diktat des milieux d'affaires .

Nos pires ennemis dans cette bataille n'ont été ni les américains ,ni certains Etats de l'UE mais le président Barroso ,des membres de la commission et la  technostructure libre échangiste qui  voulant  tout uniformiser dans le renoncement au droit de mener des politiques positives laissera derrière elle une Europe détestée des citoyens qui la composent.

L'Europe de la création a gagné  hier soir une première bataille mais tant que ces gens là auront du pouvoir, elle n'aura pas gagné la paix.

Je retranscrit ci-après une tribune publiée dans  "Le Monde " juste avant la réunion décisive des ministres du commerce.

" L'Europe paiera

C'est ce que pensent très fort et que disent - pas si bas que cela - les responsables de la négociation sur le futur accord de libre-échange transatlantique aux Etats-Unis. Avec un argument de base : l'Europe a désespérément besoin de croissance. Plus que les Etats-Unis, où la situation est meilleure sans être néanmoins brillante. L'Europe est demandeuse et doit donc payer, c'est-à-dire faire davantage de concessions.

Et nos amis américains de faire la preuve par neuf et de demander des gages que la Commission n'a été que trop heureuse et prompte à donner dans le domaine agricole en particulier : les Etats-Unis ont posé un ultimatum en décembre, exigeant que l'Europe prouve sa bonne foi en acceptant, par exemple, la viande de bœuf d'animaux élevés et abattus dans des conditions sanitaires indescriptibles, mais nettoyés à l'acide lactique avant envoi aux consommateurs. Les prétendues contreparties que la Commission affirmait exiger de leur partenaire américain n'ont toujours pas été mises en œuvre.

A lire les remerciements enthousiastes qui ont accompagné l'annonce du lancement des négociations par le Président américain dans son discours sur l'état de l'Union, en provenance des différents chefs de gouvernement européens, à voir l'empressement servile de la présidence irlandaise à faire avancer le mandat de négociation, on comprend que l'exercice est moins un dialogue d'égal à égal qu'un rapport de vassal à suzerain.

S'il fallait une preuve supplémentaire, elle vient d'être donnée. En décembre dernier, le régulateur financier américain, la Réserve Fédérale, a publié de nouvelles exigences à l'encontre des banques étrangères - et européennes en particulier - qui ont deux conséquences : réduire mécaniquement le champ d'activités des banques européennes aux Etats-Unis, et rompre avec la tradition de dialogue avec les régulateurs européens. Deux conséquences qui s'inscrivent directement contre l'esprit de l'accord de "partenariat", mot choisi par l'administration américaine, manteau de Noé pour couvrir un accord de libre-échange que le parti démocrate ne saurait voir.

A ceux qui espéraient que le sujet pourrait être évoqué dans le cadre des négociations transatlantiques le négociateur américain a apporté un démenti cinglant devant le Sénat : il y aura, a-t-il assuré, une "exception prudentielle" pour les services financiers, et la question sera placée hors du champ des négociations. Une délégation de cinéastes européens a posé la question de cette exclusion à José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne n'obtenant pour réponse qu'un silence édifiant.

C'est dans ce contexte que la question de l'exception culturelle prend tout son sens. Il en va bien sûr de la question du rapport entre commerce et culture, de la volonté – ou non ? - de l'Europe d'échapper au "tout marchandise" qui est la règle américaine, de défendre une identité et une diversité à l'opposé du monde hollywoodien. Mais il en va aussi, au-delà, du premier test de la volonté et de la capacité européenne d'échapper à l'oukase américain.

Si, pour des raisons qui sont les leurs (un président de la Commission qui a déjà démontré sa capacité à rentrer dans la "coalition of the willing" chère à George W. Bush ; un commissaire – plus libéral tu meurs ; un français à la tête de la DG Commerce – on n'est jamais trahi...), la Commission met son drapeau dans sa poche, les citoyens français et les citoyens européens ont du souci à se faire.

Demain, ce sont les lobbies agricoles américains qui exigeront l'ouverture des frontières européennes aux produits OGM. Le blé Monsanto, qui n'avait, parait-il, pas quitté les laboratoires pousse actuellement gaiement dans l'Oregon.

Après demain, les multinationales de l'Internet exigeront que les Européens respectent les règlementations américaines en matière de protection des données. Autant dire que l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) aura un accès plus facile encore à nos conversations téléphoniques, nos échanges de courriels, et notre intimité.

Non, l'exception culturelle n'est pas négociable. Car avec elle c'est l'art de vivre européen, ce sont les valeurs de notre continent qui seraient mises à l'encan."

http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2013/06/14/libre-echange-transatlantique-les-europeens-paieront_3430147_3232.html

 

Continuez votre lecture avec



Articles similaires


Laisser un commentaire