Feu sur le quartier général

14 juin 2015 par - diversité culturelle

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Pour s'évader des pleurnicheries qui ont suivi l'élection de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions ou de la honte pour le PAF que constitue la spéculation sur la revente de la fréquence publique de Numéro 23,  rien ne vaut la lecture de la dernière publication d'Olivier Donnat :"Les inégalités culturelles. Qu'en pensent les français ? "

La conclusion est sans appel :

"Au final, les opinions des Français à propos des inégalités culturelles font écho, dans la plupart des cas, à celles qu’ils expriment à propos des autres dimensions de la vie sociale. La sévérité de leur jugement sur les conditions d’accès à la culture traduit un intérêt général pour les questions de justice sociale et participe d’une représentation globalement négative de la société française.

À bien des égards, perdure l’idéal d’égalité qui prévalait pendant les Trente Glorieuses et sur lequel repose le projet de démocratisation de la culture. De nombreux Français continuent à apprécier la réalité d’aujourd’hui à l’aune de cet idéal, ce qui les conduit à porter une appréciation sévère sur le présent et à se montrer pessimistes sur l’avenir ; ils sont comme orphelins de cet idéal dont ils ne parviennent pas à faire le deuil."

Après les deux premières années du quinquennat marquées par  des restrictions  à l'échelon étatique et des prélèvements sur les établissements publics que jamais la droite n'avait osé pratiquer le monde de la culture reprend espoir car Manuel Valls a clairement affirmé son soutien au développement culturel et mis fin aux coupes budgétaires.

Ce soutien de Matignon est sans effet sur les politiques des collectivités locales qui devant faire des choix drastiques sont souvent conduites à remettre en cause des  investissements en faveur d'actions culturelles faits dans une période de moindre rigueur de leurs finances .

Bizarrement , cette période de vaches maigres suscite peu d'initiatives réformatrices comme si les acteurs institutionnels étaient incapables d'imaginer une nouvelle politique de la culture qui répondrait à la forte demande des français en faveur de sa démocratisation.

L'élan qui a crée les principaux outils de la politique culturelle française tout secteurs confondus est loin derrière nous , les égoïsmes catégoriels triomphent et aucun projet d'envergure susceptible de mobiliser n'est encore visible même à horizon lointain.

La culture cède la place aux marchands du temple qui tels des moines tibétains font tourner leur moulin à prière pour célébrer le culte bruxellois des industries culturelles et ses divinités commerçantes.

Il y aurait pourtant matière à faire du neuf tout en conservant  les objectifs d'égalité devant la culture qui devraient guider les choix politiques .

L'opération "un artiste à l'école " lancée par la Sacd et d'autres sociétés de gestion collective témoigne d'un fort désir de rencontres entre les artistes, auteurs, producteurs et les jeunes générations qui ont besoin d'outils et de modèles pour déchiffrer un monde qui se complexifie.

Mais cette opération comme beaucoup d'autres est une goutte d'eau .

Le monde de la  culture est confronté à la révolution numérique. Il y survivra et même en bénéficiera car les nouvelles technologies irriguent la création et sont un puissant vecteur de sa diffusion.

La principale question de l'accès du plus grand nombre à la culture restera posée si le ronronnement institutionnel perdure .

Il est donc temps pour ceux qui gouvernent de faire " Feu sur le quartier général ".

 

 

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