Danger sur le cinéma français

19 octobre 2011 par - Weblog

Je n’ai pas eu de difficultés à choisir le titre de ce billet puisqu’en plagiaire averti, je n’ai fait que reprendre le titre d’une tribune publiée dans « Le Monde » par deux anciens directeurs généraux du CNC David Kessler et Marc Tessier.

Deux personnalités qui ont mis leur grand talent et leurs compétences au service d’une institution devenue depuis l'après guerre l’outil indispensable du financement de la création et aussi et ,c’est plus mal connu, un incomparable lieu de discussions entre des professionnels souvent divisés sur les adaptations indispensables d’une réglementation parfois frappé d’obsolescence par la mutation numérique.

Certes le CNC est plus souvent conservateur que novateur, mais il doit pour agir convaincre un environnement parcellisé en multiples boutiques plus ou moins obscures, unies sur la nécessité de préserver une complexe  tuyauterie redistributive, mais incapables de s’entendre sur une modernisation consentie de règles qui pour une bonne part datent des années  1970/1980.

Grace à un large consensus politique et à la sagacité de ses dirigeants le CNC a su élargir ses sources de financement à l'ensemble des modes d'exploitation des oeuvres , mettre en oeuvre le soutien à la création audiovisuelle et plus récemment prendre en compte l'arrivée des nouvelles technologies et des nouvelles formes de création qu'elles suscitent.

Cet outil nous est envié à l'étranger et souvent le CNC a été à l'avant garde de la prise en compte par les autres Etats de la nécessité d'une intégration de la dimension et des impératifs culturels dans la construction européenne.

Mais cette incontestable réussite est en passe d'être fragilisée, voire menacée

Le danger qui pèse sur le CNC n’est pas d’ordre directement financier, puisque les ressources nécessaires à la réalisation de ses missions sont en cette période de crise suffisantes.

Non le danger est plus grave, car ontologique et conceptuel.

Pour la première fois, l'an dernier, les ressources du Cnc qui proviennent de taxes spéciales sur les activités liées à la diffusion des œuvres cinématographiques et audiovisuelles qui lui sont directement affectées ont été à la suite d'un amendement du sénateur Marini devenu président de la commission des Finances  amputées de 20 millions d'euros réaffectées au budget de l'Etat.

Ce premier coup de canif dans l'autonomie budgétaire a donné de mauvaises idées.

C'est ainsi que dans la prochaine loi de finances, les recettes de la taxe sur les services de télévision pourraient être plafonnées et un surplus de 100 millions d'euros reversé au budget de l'Etat pour être ensuite réaffecté au futur Centre National de la Musique.

La méthode est épouvantable et il serait plus judicieux et cohérent de créer au bénéfice d'une nouvel organisme une taxe qui lui soit directement affectée disposant ainsi de sa propre autonomie.

Elle sera  lourde de conséquences  négative car elle pérennise la fin d'une autonomie budgétaire qui a permis l'adaptation et la modernisation de notre système d'aide aux évolutions du paysage audiovisuel et la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse en faveur de la création.

Récemment devant les professionnels du cinéma, le Président de la République a réaffirmé avec une forte conviction son attachement à la préservation des ressources du cinéma français.

Il ne faudrait pas qu'au delà des chiffres du moment, ce soit le fondement même de la politique cinématographique qui soit atteint par des mesures technocratiques qui rompent avec un prestigieux passé.

Malheureusement si rien n'est fait, le ver est dans le fruit.

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