La face cachée d’Hollywood

27 avril 2007 par - Weblog

C'est à Essen au cours d'un colloque sur la diversité culturelle organisé par la commission allemande pour l'UNESCO que j'ai appris la disparition de Jack Valenti l'ancien président de la MPAA.

Jack Valenti a longtemps incarné la face cachée du cinéma d'Hollywood, celle d'un lobby puissant à Washington et écouté dans de nombreuses capitales. Il avait mis son talent au service de l'expansion du cinéma américain et d'une lutte sans merci contre les politiques culturelles qui peuvent l'endiguer.

Et pourtant l'homme fortement francophile était loin du portrait caricatural que nous avions à dessein fait de lui au moment du choc frontal de la négociation de l'Uruguay round.

La première fois que je l'ai rencontré c'était après la bataille de l'exception culturelle, au début de l'année 1994, lorsqu'avec une délégation de cinéastes, je m'étais rendu à Los Angeles pour une réunion sur le droit moral des auteurs.

Il m'avait demandé de le retrouver en tête à tête au bar du Four seasons, mais craignant le traquenard, j'avais emmené pour cette expédition Claude Miller.

Là Jack avait déployé tout son charme félicitant les français pour leur succès, expliquant que la ligne dure qui avait fait échouer la stratégie de la MPAA n'était pas la sienne, mais celle de son mentor Lew Wassermann le dernier mogul d'hollywood et m'invitant à regarder devant et non derrière pour une nouvelle coopération entre le cinéma français et le cinéma américain.

De cet entretien date l'idée de l'inviter aux rencontres cinématographiques de Beaune, ce qui fut fait avec le soutien de plusieurs exécutifs de la Warner.

A Beaune dès la première année, il se prêta de bonne grâce  aux formalités d'usage remise de médaille de la confrérie du tastevin, dégustation des meilleurs crus et de moultes escargots et surtout participation aux bans bourguignons

Au fil des années, aussi à l'aise au milieux des réalisateurs européens que dans les allées du pouvoir à Washington, il devint une des vedettes des rencontres où ses joutes oratoires avec Jack Ralite sont restées dans toutes les mémoires.

Enfin et c'est le plus étonnant des hasards, il m'a  écrit il y a quelques années pour que je lui envoie un film qui selon lui était la quintessence de l'esprit français " le diable boiteux " de Sacha Guitry , le premier film que j'ai vu en salles.

Jack ne boitait pas et il n'était pas le diable.

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