Faits divers

16 décembre 2012 par - Weblog

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De façon récurrente, mais n'est ce pas normal à la télévision ? apparaissent de nouveaux types de programmes qui bouleversent les normes établies et suscitent des contreverses sur leur nature et donc sur la manière de les décompter dans les obligations de production des chaînes ou leur vocation à bénéficier du soutien public celui du CNC.

C'est ainsi que la téléréalité avait suscité des débats passionnés après la programmation du loft par M6 et son succès d'antenne,  le dirigeant de TF1 Patrick Le Lay allant jusqu'à écrire une tribune dans "Le Monde " pour déclarer l' indignité de telles émissions afin de mieux masquer comme il l'a avoué récemment sa contre offensive dans le même genre qui devint plus tard un des fleurons de sa chaîne.

Popstar à mi chemin du documentaire et de la téléréalité suscita des contentieux qui se terminèrent par  une sorte de match nul, la justice administrative reconnaissant le bien fondé du classement dans les oeuvres audiovisuelles par le CSA mais annulant la décision du CNC de lui attribuer l'aide publique.

Depuis le Parlement a fait oeuvre utile en resserrant les obligations d'investissement dans la production autour de la notion d' oeuvres patrimoniales  , mais ce tour de vis ne règle pas le problème créé par un genre nouveau la "fiction du réel " ou "scripted reality " qui  mélange des éléments de fiction et de téléréalité avec des émissions comme "Le jour où tout a basculé " sur France 2  , "Au nom de la vérité"  TF1, " Si près de chez vous " France 3, " Face au doute " M6  ou encore "Hollywood girls " NRJ 12.

La prolifération de ce type de programme est liée en période de marasme  à leur équation économique qui fait réaliser de bonnes audiences pour un coût très bas inférieur à 50000 € pour 26 minutes .

Le CSA a commencé à auditionner les parties pour tenter de préciser les règles du jeu et le CNC a refusé son aide au pionnier du genre Julien Courbet  qui se défend en mettant en avant les emplois créés et une sorte de modernité qui pourrait peut-être rappeler pour ce Robbe Grillet de la quotidienneté ce que fut le nouveau roman.

On verra ce qui ressortira des discussions provoquées par l'autorité de régulation , mais il est certain comme  l'a souligné Aurélie Filippetti que ce type d'émissions peut difficilement justifier sa présence sur les antennes de France 2  car le racolage actif ou passif devrait être banni du service public dont la justification est d'élever le niveau d'exigence de  la télévision et d'apporter aux citoyens autre chose que les programmes produits spontanément par les télévisions commerciales.

Est-il du role du service public de diffuser un genre dont l'intitulé des épisodes se passe de commentaires ?

Mon ex-amant veut prendre notre fils !

Ma mère n'est pas ma mère...

Mon petit ami a abusé de moi

J’ai fait souffrir l'amant de ma femme

Mon fiancé va être papa

Ma mère aime mon meilleur ami

Mon amant et sa femme m' exploitent

Mon mari me filme à mon insu

Mon patron est amoureux de moi

J'ai 17 ans et je veux changer de poitrine !

J'ai trouvé de la drogue dans ma maison !

Ma meilleure amie est amoureuse de mon fiancé

Mon patron m'oblige à mentir aux clients

Ma patronne est folle de moi

Ma Belle-Fille à brisé mon Couple.

Certes Rémy Pflimlin ne décomptera pas les dépenses liées à ces productions dans ses obligations, mais cette contreverse montre la nécessité de reprendre le dialogue sur le role du service public de la télévision dans un paysage audiovisuel de plus en plus morcelé, de redéfinir ses missions, d' y affecter des moyens pérennes sans changer d'avis tous les ans .

Ce chantier est vital pour la production audiovisuelle et cinématographique car seul un service public fort et responsable peut garantir la diversité de la création et le libre choix des téléspectateurs .

 

 

 

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Commentaires (1)

 

  1. Lucien Véran dit :

    Remarque et question.

    Je ne suis pas sûr que l’on ait à faire à un genre Lorsqu’Arte cherche des talents classiques est-ce encore du télé-crochet ?)mais plutôt au traitement low-cost et formaté (court, peu écrit) de plusieurs genres (policier, people, judiciaire, société…)

    Une question (sans intention) vaut-il mieux pour un auteur travailler seul sur un low cost à 50 000 euros les 26 minutes qu’à 6 ou 8 sur un semi-low cost (Plus Belle La vie ) à 100 000 euros pour la même durée ?

    Bonne soirée.

    Lucien Véran. Aix Marseille Université. Euromed.

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