Grand froid

2 février 2012 par - audiovisuel

Les esquimaux sont de retour , ils n'étaient d'ailleurs jamais vraiment partis.

Quand il s'agit de décongeler et de moderniser les règles de diffusion des films, l'étrange coalition de tous les conservatismes et corporatismes professionnels ne tarde pas à se rassembler et à  brandir fièrement sa devise : Cui Bono ? Pour quel profit ?

Le profit étant entendu, comme la somme des intérêts particuliers des uns et des autres et certainement pas comme l'intérêt général du cinéma et du public .

Pour  la chronologie des médias ,il existe en réalité un large consensus sur la nécessité de moderniser un système récent, mais déjà vieillot  en raison de son absolue rigidité.

Une rigidité qui soumet aux mêmes règles les films qui brillent en salles et disposent de toutes les fenêtres de diffusion audiovisuelle et ceux qui  débarqués sans ménagement faute de plaire suffisamment vite n'ont pas forcément obtenu ces fameuses fenêtres d'exploitation exclusive au nom desquelles les nouvelles formes d'exploitation sont bloquées .

Mais les voies de la concertation cinématographique étant impénétrables , il importe pour la corporation de consolider la rigidité avant de passer aux exercices gymniques d'assouplissement . Comprenne qui pourra.

A force de tergiversations et ce fut déjà  le cas dans le cadre de la loi création et Internet, il y a fort à parier que la belette et le petit lapin seront mangés comme comme dans la fable par le Raminagrobis parlementaire.

Car quelle est la légitimité des  opérateurs de marché et  des organisations professionnelles pour  décider d' interdictions à la liberté d'exploitation des oeuvres et donc à la liberté d'expression ?

La seule légitimité est en réalité le vide  juridique qui rend le  droit européen inapte à prévoir que de telles dispositions puissent être adoptées par voie législative et réglementaire lorsqu'il s'agit de télédiffusion.

Autre question pendante, les interdictions de diffusion des oeuvres cinématographiques certains jours et à certaines heures .

Cette règlementation est le produit des discussions  par ailleurs très positives qui permirent dans les année 70 au cinéma français d éviter d' être laminé par la montée en puissance de la télévision.

Mais aujourd'hui, les salles de cinéma ont une vie propre indépendante de l'évolution du système audiovisuel et de l'internet et le cinéma français a retrouvé le niveau de fréquentation de 1966 époque de l' Ortf  sans internautes ,tablettes ni ordinateurs. Et un grand match de football ou un  événement d'actualités retiennent plus sûrement le téléspectateur à son domicile qu'un film

Par contre, il est exact que le régime de programmation des films est un élément fort pour donner aux chaines payantes l'attrait de programmation qui justifie que le public s'y abonne .

Ces derniers mois l'absence de prise de responsabilité du pouvoir politique a favorisé des  marchandages plus ou moins occultes qui ont entrainé des assouplissements aux règles de programmation contribuant au mitage de la réglementation non seulement pour ouvrir une case comme celle du mercredi soir, mais plus gravement en portant atteinte au coeur de l'exception culturelle que sont les quotas de diffusion pourtant protégés par la loi.

Le service public lui même est pris en otage des dissensions entre groupuscules antagonistes.

Il serait donc temps que le pouvoir réglementaire reprenne la main en fixant un cadre clair supprimant des interdictions obsolètes et prévoyant leur nécessaire contrepartie en matière de financement des films.

Il conviendrait également que les films du patrimoine ne  soient plus concernés par des interdictions dont personne ne peut plus justifier la légitimité.

Et paraphrasant l'adage romain"Corruptissima respublica, plurimae leges"  on pourrait écrire  " plus le régime du cinéma se décompose plus les règles pullulent".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires (1)

 

  1. mmu_man dit :

    typo : « comme comme » ?

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