La mission au rapport

7 janvier 2010 par - économie numérique

 

Patrick Zelnik, Jacques Toubon et Guillaume Cerutti viennent de rendre leur  rapport  au nom de la mission "création et Internet qui leur a été confiée par Frédéric Mitterrand.

Il est très instructif de constater que des personnalités aux parcours si différents soient finalement parvenus à un consensus pour proposer des mesures dont beaucoup sont novatrices et répondent par elle-mêmes aux critiques entendues au moment de l'annonce de la mission.

La mesure phare du rapport est  sans conteste la taxe sur les revenus publicitaires en ligne que Jacques Toubon n'a pas hésité à qualifier de taxe google, mais qui selon  la mission pour éviter les risques de délocalisation ne saurait s'envisager qu'avec l'appui des principaux partenaires européens  et donc dans un délai permettant de mûrir la réflexion .

Car si le principe de cette taxation est éminemment juste, tant il est anormal que des intermédiaires soient les seuls à véritablement profiter du développement de l'accès aux contenus culturels par l'internet , sa mise en oeuvre pose de redoutables problèmes techniques liés a la déterritorialisation de ce type de services.

Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt et tout le mérite de l'excellent rapport de la mission est de proposer outre une réhabilitation de la gestion collective des droits d'auteur et des droits voisins, de nombreuses mesures concrètes  permettant tant dans le domaine de la musique que dans celui du cinéma, de l'audiovisuel et même de l'édition littéraire de développer une offre légale attractive seule manière intelligente et efficace de donner tout son sens au principe de réponse graduée.

Les propositions les plus novatrices se heurteront certainement au conservatisme de secteurs professionnels qui bien que vivant  de l'innovation sont souvent court-termistes et fondamentalement rétifs au changement .

Espérons toutefois que la boite à outil de soutien à la création sur Internet fournie par la mission sera rapidement mise en oeuvre par le gouvernement.

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Commentaires (11)

 

  1. Guillaume dit :

    Quand vous dites « Les propositions les plus novatrices se heurteront certainement au conservatisme de secteurs professionnels qui bien que vivant de l’innovation sont souvent court-termistes et fondamentalement rétifs au changement », est-ce une réponse à la Sacem qui dans son communiqué indique « Force est de constater que les solutions retenues ne répondent que très partiellement à ces objectifs et sont clairement insuffisantes pour soutenir rapidement et significativement un marché en transition affecté par une violente dégradation » ?

    Ce qui est drôle c’est que la Sacem reconnaît que le marché est en transition, mais en aucun cas elle n’accepte l’idée que c’est le manque d’anticipation de cette transition qui pourrait être à l’origine de sa « dégradation violente ».

    En outre, vous n’avez pas mentionné la carte Musique en Ligne. Pour ceux qui ne sont pas au courant, il s’agit d’une proposition d’une carte destinée aux jeunes d’un prix de 25 euro qui en fait aurait une valeur faciale de 50 euro et qui permettrait de télécharger sur les plate-formes légales de la musique. Bien entendu la différence serait prise en charge par l’Etat.

    J’ai quelques questions pour vous à ce propos Monsieur Rogard :

    N’êtes vous pas jaloux que cette carte et donc les aides financières consenties par l’Etat ne s’applique (d’après la proposition) qu’à la musique et pas aussi à la VàD ou même au spectacle vivant ?

    Pensez-vous vraiment que le rôle de l’Etat est d’injecter 25 millions d’euros par an (coût de la carte) dans l’industrie musicale ? Ou pensez-vous que ce sont les maisons de disque qui devraient consentir des réductions aux jeunes ?

    Si les jeunes n’achêtent plus à cause du piratage (et j’ai bien dit SI), n’est-ce pas dans la logique des choses que ce soit les maisons de disque qui assurent leur retour au marché légal en réduisant par exemple pour certaines catégories de la population le prix de vente des disques ?
    En ce moment ce moment ce sont les Soldes et c’est bien le principe appliqué par les commerçants « Plutôt que ne rien vendre, on brade et ça fera de la trésorerie »…

    Sur le même thème, qui prend en charge le prix remisé pour les moins de 26 ans que l’on trouve dans les cinémas ? Est-ce l’Etat ? Ou est-ce Pathé, Gaumont et autres ?

    • Pascal Rogard dit :

      Je pense qu’en général les milieux culturels sont conservateurs et le President de la Republique l’a exprimé clairement en fin de soirée en ce qui concerne le spectacle vivant.
      Je pense que l’idée de la carte musique jeune est une bonne idée pour relancer un marché de la musique très déprimé du fait de la contrefaçon
      la situation du cinéma et de l’audiovisuel est très différente et ne justifie donc pas le même type de mesures.
      Les remises tarifaires dans le cinéma sont prises en charge par tous les intervenants qui se partagent la recette salles:
      exploitants,distributeurs,producteurs et auteurs .

      • ikariya dit :

        Permettez moi de douter de l’efficacité de la « carte jeune » !

        De plus le montant de 200€ évoqué par M. Sarkozy est tout simplement sans fondement et illusoire. Qui peut penser qu’en ces temps de crise, des jeunes, étudiants pour la plupart (<24 ans) vont pouvoir sortir 100€ pour aller télécharger de la musique, qui plus est au tarif iTunes ? Faut vraiment être coupé de la réalité de la vie des gens pour croire à un pareil truc !

        Sans parler du fait que ça revient à dire que ce sont nos impots qui vont perfuser un secteur qui freine des 4 fers depuis 10 ans maintenant pour se remettre en question.

      • Guillaume dit :

        Merci Monsieur Rogard d’avoir répondu.

        La carte pourrait être une bonne idée à plusieurs conditions :
        – Comme l’a dit ikariya, il faudrait des cartes moins élevées que les 100 euros évoquées par le Président
        – Il ne faut en aucun cas que ce soit l’Etat qui prenne en charge la seconde moitié. L’Etat n’est pas responsable de la baisse de la vente de musique, il n’y a donc aucune raison que ce soit le contribuable qui doivent mettre la main à la poche pour que certains jeunes puissent acheter de la musique.
        – Qu’elle ne soit pas réservée uniquement aux sites de téléchargement. Après tout, tous les jeunes n’ont pas forcément envie d’acheter des MP3. Il faut pouvoir l’utiliser aussi chez les disquaires et PAS QUE la Fnac !!!

        Ce qui est fait par l’industrie cinématographique pour les jeunes doit être faisable également par l’industrie musicale.

        • ikariya dit :

          Je persiste a croire que ça n’a aucune chance de fonctionner !

          Les jeunes (et les autres) ont avec le P2P et autres techniques, acces à tout illimité pour gratuit, personne ne paiera pour avoir du limité !

          Dejà avec des CD a 15€ ils arrivent pas à les vendre comment vous voulez que les gens investissent 25 ou 100€ dans une carte qui donnera doit de técharger quelques morceaux de musique ? C’est du grand n’importe quoi, pas besoin d’être diplomé en marketing pour comprendre ça.

          Sans parler de la logistique nécessaire à déploiement d’un réseau de distribution pour des cartes prépayées alors qu’il suffit de cliquer sur un icone pour telecharger sur emule et autres bittorrent … Genre les gens ils vont sortir pour aller recharger leur carte pour pouvoir télécharger, avec le temps qu’il fait en ce moment !

          Non mais vraiment on se demande si les gens qui on pondu cette énormité ont pris le temps de réfléchir une seconde. Encore que vu la bourde il vaudrait mieux qu’ils n’aient pas réfléchi, ils seraient moins ridicules.

          Si les opérateurs de la musique avaient été un tant soit peu malins et/ou visionnaires ils auraient depuis des années addossé des abonnements illimités de streaming aux forfaits de téléphone avec des appareils compatibles et ça fait longtemps que tout ceux qui possèdent un mobile multimédia paierait une petite licence ! ça serait déjà toujours ça dans leur poche.

        • Pascal Rogard dit :

          Je ne comprend pas pourquoi Pascal Nègre ne vous a pas encore engagé pour faire son marketing ?

        • ikariya dit :

          Pascal Negre on peut pas dire qu’il sorte gagnant de cette histoire avec la creation d’une licence pour la diffusion sur internet qui va a l’encontre de tout ce que voulaient les grandes majors et, a minima, vu l’energie en lobbying dépensée, il ferait bien de suivre une petite formation en stratégie.

          La strategie marketing de Pascal Negre à travers l’hadopi c’est de mettre un pistolet sur la tempe de ses clients pour les forcer a utiliser une usine a gaz, la carte prépayée, tout en faisant du chantage a l’état pour qu’il mette la main au porte monnaie. On a trouve plus pérenne comme stratégie me le concèderez vous ?

        • lucien veran dit :

          je dois être trop cher 🙂

  2. lucien veran dit :

    Impulsions.

    Prenons les propositions du rapport comme des impulsions à l’innovation et voyons comment vont réagir en particulier les éditeurs et distributeurs de musique.
    Certains pourraient par exemple doubler la prime annoncée, d’autres imaginer des formules d’abonnements à prime qualifiée (plus de bonus pour un fan club ou une école de musique) ou à prime progressive afin de réduire le coût de la musique en fonction d’une certaine fidélité.
    Ce qui étonne à première lecture dans le rapport c’est qu’il ait fallu un comité officiel ad-hoc pour formuler des stratégies qui auraient normalement du venir à l’esprit des manageurs des industries culturelles concernées (livre, musique, film)

    Bonne journée.

    • Guillaume dit :

      Je vous rejoins sur un point, ce n’est pas à l’Etat de se substituer aux industries culturelles dans leur marketing et la recherche de leur profit. Encore moins avec les deniers des contribuables…

  3. Bertil Hatt dit :

    Pourquoi voulez-vous augmenter le budget que les jeunes dépensent pour la culture : le montant est en augmentation (lente mais) régulière depuis longtemps, non ? Ils n’achètent plus de disques (ni de casette ou de vinyl) mais vont au concert — pourquoi ne pas intégrer le spectacle vivant dans votre raisonnement ?

    Je suis évidemment d’accord avec Guillaume, cette carte risque surtout de pénaliser les disquaires indépendants plus que d’aider la Fnac.

    Je ne pense pas que vous ayez non plus répondu à sa question sur les tarifs Jeunes au cinéma : la différenciation tarifaire marche sans subvention — qu’est ce qui justifie celle-ci ? Encore une fois, le budget culturel n’a pas baissé ; les grandes enseignes ne sont pas les plus menacées ; les jeunes achètent déjà massivement en ligne (sonnerie ou morceau complet) pour soutenir les musiciens qu’ils aiment.

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