Eaux troubles

21 juillet 2010 par - audiovisuel

Depuis qu'une étude du Ministère de la culture et de la communication a précisément établi l'absence de transparence des comptes des producteurs d'oeuvres cinématographiques dans le cadre de la gestion individuelle des droits d'auteurs, le CNC  soucieux de contrecarrer  cette dérive  vers un régime de copyright avait chargé le producteur René Bonnell d'un rapport visant à proposer des mesures permettant de restaurer un climat de confiance entre auteurs et producteurs.

Ce rapport fut suivi d'une année de concertation à ciel ouvert qui  permit  de dégager un consensus entre la totalité des organisations représentant les auteurs  et l'API  organisation de producteurs ayant témoigné d'une volonté claire d'établir des normes obligatoires permettant de créer un cadre régulant les relations contractuelles entre ceux qui créent les films et ceux qui les financent.

L'API  regroupe les plus importantes sociétés du secteur cinématographique  Gaumont, MK2,Pathé,et UGC .

De leur coté et en catimini ce qui est assez cocasse pour traiter de questions de transparence, deux organisations de producteurs dits indépendants l'APC et l'UPF signaient avec le Sfaal organisation représentant les agents artistiques une déclaration d'intention sans portée juridique visant en réalité à faire perdurer l'opacité des comptes de production.

Ces manoeuvres de diversion ne mériteraient bien sûr pas le moindre commentaire , si elles ne traduisaient l'état d'esprit d'une part importante de la  production cinématographique , plus à la recherche de guichets de financement que de recettes d'exploitation.

Les principales novations des écrits entre agents et producteurs sont en effet une augmentation des frais généraux du taux usuel de 7% à 10% du coût des films et charité bien ordonnée commençant par soi même de 5% à 7,5% de ce même coût de  la rémunération que s'attribuent les producteurs délégués.

L'objectif est évidemment de se servir sur les préfinancements issus de la réglementation qu'il s'agisse du soutien public ou des obligations d'investissement qui pèsent sur les chaînes de télévision.

Je connais  des producteurs irréprochables , hommes et femmes de talent qui savent contre vent et marée faire exister les films .

Mais la faiblesse du secteur de la production cinématographique est son organisation corporative balkanisée entre plusieurs syndicats, sans leader affirmé, souvent incapables de s'entendre entre eux sauf pour fomenter de mauvais coups contre l'intérêt général, unis parfois autour d'un poujadisme de mauvais aloi et ressemblant à une désolante cour des miracles .

Lorsque le moment des  remises en question sera venu, les producteurs constateront à leur dépens que le temps perdu ne se rattrape pas et que la régulation des puissants impose aussi à ceux qui en bénéficient des règles de conduite conjuguant dignité et esprit de responsabilité.

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