Préparez vos mouchoirs
12 mai 2013 par Pascal Rogard - audiovisuel
L'audiovisuel et la politique s'adorent .
C' est en effet le secteur économique et culturel le plus soumis aux ardeurs des gouvernants et du Parlement ce qui le différencie profondément du spectacle vivant qui n ' intéresse quasiment personne dans la sphère politique, sauf lorsque représentations et surtout festivals sont arrêtés par les intermittents .
La prochaine loi audiovisuelle telle que présentée par Aurélie Filippetti sera une petite loi puisqu'il s'agit seulement de modifier la composition des membres du Csa, leur mode de nomination ainsi que celui des présidents des télévisions et radio publiques.
La diminution de 9 à 7 du nombre de membres du Csa va frapper durement les journalistes qui commençaient déjà à s'habituer à trouver dans l'instance de régulation un havre accueillant et bien situé en bord de Seine.
Le changement du processus de nomination des six membres désignés par les présidents de l' Assemblée Nationale et du Sénat qui devront recueillir l'assentiment au 3/5 èmes des commissions des affaires culturelles est censé garantir leur indépendance puisque seul le Président de la République continuera à désigner sans contrainte le président du Csa.
De fait les nominations devront être consensuelles et donneront lieu sans nul doute à des tractations entre majorité et opposition.
Pour les présidents des organismes publics, ce sera le retour à la case Csa et la fin de la réforme initiée par Nicolas Sarkozy qui s'était arrogé ce pouvoir en dépit d'une hostilité quasiment générale, mais n'avait pu en raison de l'arrogance de " Monsieur petits conseils " désigner le candidat de son choix.
C ' est là toute la subtilité de la réforme qui devrait rendre encore plus inconfortable la situation du Pdg de France Télévisions Rémy Pflimlin .
Déjà en butte à de sévères restrictions budgétaires et à un Etat qui ne respecte pas ses engagements, il apparaîtra comme le survivant de l'époque révolue où le pouvoir politique exerçait une mainmise directe sur les nominations.
Ce qui devrait logiquement le conduire à démissionner et éventuellement à se représenter pour obtenir une nouvelle onction de l'instance de régulation à l' indépendance renforcée
Face à des responsables de chaines privées auxquels leurs actionnaires garantissent la longévité gage de la réussite , la direction du service public de la télévision est plus que jamais une fonction à durée limitée ce qui affaiblit fortement la création audiovisuelle.
Préparez vos mouchoirs en attendant le prochain épisode.
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Commentaires (1)
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La création audiovisuelle chez nous se résume plutôt à ce type de triste parodie:
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Rien a voir avec le patron de France-TV et sa tutelle plus ou moins visible selon le locataire de l’Elysée.