Les étrangleurs

25 juin 2013 par - économie numérique, Weblog

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José Manuel Barroso et Karel de Gucht ont déclaré la guerre à la création européenne en demandant aux Conseil des ministres de l'Union un mandat de négociation leur permettant d'échanger l'éradication des politiques de soutien  contre des avantages commerciaux dans d'autres secteurs de l'activité économique.

Les créateurs ont répliqué vigoureusement à ce reniement de la ligne politique de l'Union Européenne dont il faut sans cesse rappeler qu'elle a initié avec le Canada  la convention de l'Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

Le président de la commission renvoyé dans ses buts grâce à la fermeté des autorités françaises a ensuite joué les chochottes et mis en cause d'odieux réactionnaires refusant la mondialisation et ses bénéfices supposés.

Preuve qu'un homme politique  aussi retors soit-il  peut se prendre les pieds dans le tapis et résister difficilement à la pression quand il est mis face à ses tromperies.

Cette affaire de l'exception culturelle n'est que le point d'orgue des conflits toujours plus aigus entre les tenants de politiques culturelles fortes et les dogmatiques du marché unique qui préfèrent le juridisme étriqué aux résultats même probants des mesures de soutien à la création.

Au fil des contentieux, la commission étrangle la création en déniant aux Etats membres le droit de mener des politiques de discrimination positive .

Un des objectifs cachés de l'inclusion de l'audiovisuel dans la négociation transtlantique était sans doute d'empêcher  le développement de ces politiques en plaçant au dessus de l'ordre juridique européen, des contraintes de libéralisation dépossédant à tout jamais  les pouvoirs politiques de leurs  possibilités d'action et de réaction.

Un exemple actuel  de cette stratégie d'étranglement nous est fourni par la refonte de la communication cinéma dont l'objet est d'encadrer les aides d'Etat en faveur des oeuvres cinématographiques  et audiovisuelles.

Le dispositif permettant de concilier les aides  à la création et la doctrine concurrentielle avait été élaboré en étroite concertation avec les Etats membres par Viviane Reding et Mario Monti dans un esprit d'ouverture.

La révision de ces règles est l'occasion pour la technostructure bruxelloise de resserrer le noeud coulant en interdisant toute restriction sur l'origine des biens et services, annulant par la même la clause culturelle figurant dans le traité .

La culture serait désormais soumise à un régime banalisé quasiment de droit commun qui progressivement détournerait les Etats de toute envie de soutenir les activités culturelles en affaiblissant le retour d'investissement territorial .

Cet exemple parmi tant d'autres prouve l'impérieuse nécessité pour les créateurs d'être réactionnaires et de mettre en cause à l'occasion des prochaines échéances européennes cette vision étriquée et dévastatrice qui aboutit dans de nombreux pays à un rejet de l'idée d' Union Européenne.

José Manuel Barroso est le symbole désarticulé d'une Europe, sans âme, sans conscience, sans valeurs fortes, capable de refuser à ses enfants le droit à la création.

Loin de s'éteindre la mobilisation doit se renforcer pour que les institutions européennes se comportent en partenaires et non en adversaires des auteurs et que les  nouveaux outils de diffusion numériques soient  mis au service des oeuvres et de ceux qui les créent

Continuons le combat.

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