Double vague

8 décembre 2017 par - Weblog

Il y a des rencontres qui laissent des traces et qui marquent.

Celle que nous avons organisée il y a quelques jours à la SACD sur le thème de la diversité avec deux combattantes de cette belle cause, dans l’audiovisuel et le cinéma, Mémona Hintermann-Affejée, membre du CSA,   et Claire Diao, journaliste qui a écrit un ouvrage passionnant  sur le parcours de ces réalisateurs.trices de double culture, issus souvent de quartiers populaires, en fait partie.

 

Il y a consensus pour affirmer que  la culture est le symbole de l’ouverture, de l’altérité, de la diversité et du respect des différences. C’est ce qui en fait sa force et sa nécessité même.

 

Malheureusement, quand on gratte le vernis, on se rend vite compte que le monde culturel s’organise, lui, autour de pratiques qui se situent aux antipodes de ce noble idéal !

Entre discriminations et injustices, enfermement des individus dans des stéréotypes et copinage exacerbé, le microcosme culturel n’a pas que  les atours attrayants dont il se targue.

 

Très masculin, le petit monde de la culture est aussi très monocolore et assez peu ouvert aux générations qui ont fréquenté ces quartiers qu’on a pris l’habitude de qualifier pudiquement de « sensibles ».

 

De la sensibilité, il y en a beaucoup dans ces quartiers, de la vie aussi et du talent à revendre. Jamel Debbouze, Houda Benyamina, Maïmouna Doucouré, Aïcha Belaïdi, Mohamed Hamidi,  Ismaël Sy Savané…Les plumes acérées, les regards créatifs et les auteurs dans l’âme ne manquent pas dans nos banlieues. Mais, ce talent peine aussi parfois à s’exprimer, les portes des institutions officielles ne sont pas toujours assez ouvertes, les projets attendus des décideurs et des financeurs sont très souvent sur le registre de la comédie avec des jeunes forcément désœuvrés et coiffés d’une éternelle casquette de rappeur…

 

Ce lundi soir à la SACD, les paroles étaient claires, libres et fortes. La colère côtoyait la l’agacement de se dire que l’accueil peut être plus favorable dans d’autres pays, aux USA ou ailleurs. Mais, la résignation n’avait pas sa place. Au contraire, l’énergie de ces auteurs, leur volonté de faire changer les choses, de parvenir à exprimer tout leur talent, à ouvrir les portes qui leur sont aujourd’hui fermées faisaient plaisir à voir et méritent tout notre soutien pour au moins trois raisons :

 

  1. Le talent n’est pas le seul juge de paix dans ce bas monde, cela se saurait !
  2. ces auteurs d’aujourd’hui et de demain ne doivent pas être les laissés pour compte de la politique culturelle.
  3. Comme l’écrit Claire Diao dans son livre : « Le cinéma est un moyen parmi d’autres de se découvrir et de se rencontrer. Offrons à nos écrans des œuvres reflétant nos mille et une façons d’être français. »

Le Président de la République a ouvert beaucoup de chantiers de réformes. Proposons-lui d’en ajouter un à sa liste pour 2018, celui qui permettra de construire une société culturelle plus inclusive et plus diverse. Beaucoup plus diverse. C’est un engagement pour la diversité bien sûr mais plus grandement encore pour l’égalité républicaine tout court.

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Commentaires (2)

 

  1. Andre staut dit :

    Bravo la SACD de porter bien haut er fort cette cause!
    Pascal mets moi sur tes listes stp, pour ine fois que j étais a Paris lundi j aurais adoré parriciper a cette belle soirée ?
    Amitiés

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