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13 novembre 2017 par - Weblog

Jacques Ralite sous le regard de Beaumarchais

On n’entendra plus Jack Ralite nous rappeler cette phrase de René Char qu’il aimait tant : « L’inaccompli bourdonne d’essentiel ». L’essentiel, c’était bien Jack, cet ami des auteurs et des artistes, ce militant acharné de la diversité culturelle, ce compagnon infatigable de tous les combats pour faire résonner la culture et la création. L’essentiel bourdonne aujourd’hui du vide de son absence.

Nul doute qu'en cette période où l’audiovisuel public, et en particulier France télévisions, se trouve confronté à de sérieuses coupes budgétaires, il aurait eu le verbe haut et  le parler juste pour nous rappeler l’importance du service public pour la création française et européenne. Il nous manquera aussi pour cela, pour ses coups de gueule, sa passion sincère,ses enthousiasmes, sa chaleur humaine et sa hauteur de vue.

Pour essayer d’atteindre les cîmes qu’il aurait tutoyé, deux rapports sur l’avenir de l’audiovisuel public qui viennent d’être rendus publics peuvent nous guider en vue de  construire l’avenir.

Premier à être publié, celui de Mathieu Gallet sur le site de Terra Nova, le vivifiant patron de Radio France, qui va au-delà des constats souvent effectués pour justifier des moyens supplémentaires : Oui, le service public est un pôle de stabilité pour le financement et la diffusion de la création française ; Oui, le service public a une responsabilité démocratique à l’égard de la population française ; Oui, le service public doit avoir une identité spécifique, qui le distingue des acteurs privés.

Qui ne serait pas d’accord avec ces évidences ? Personne. Mais, cela n’a jamais été suffisant pour convaincre les responsables politiques qu’il fallait renforcer le financement de l’audiovisuel public, souvent à la traîne de ce qui existe dans des pays comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne.

La conviction de Mathieu Gallet est la bonne : les médias publics ne pourront être défendus que s’ils se transforment radicalement pour s’adapter à la révolution numérique et aux nouveaux usages.  Voilà une belle ambition pour le service public !

Il faut lire aussi le rapport des députées En Marche, Frédérique Dumas, qui s’était beaucoup investie pour trouver de nouvelles sources de financement pour combler la diminution du financement de France télévisions, et Béatrice Piron. Ce n’est pas un énième rapport sur la réforme à entreprendre de la contribution à l’audiovisuel public mais, on peut l’espèrer, le vrai point de départ de la réforme. Pour y parvenir, une méthode, celle qui consiste à envisager une réflexion globale portant autant sur les missions que sur le financement.

Ce rapport dessine aussi le chemin à suivre d’urgence, avec la mise en œuvre d’une nécessaire universalisation de la contribution à l’audiovisuel public. En faisant contribuer chaque foyer au financement du service public, on sort enfin du mauvais débat sur les supports qui doivent être assujettis ou non, et on ouvre la porte à une réforme qui pourrait d’ailleurs être socialement plus juste que l’actuelle contribution.

C' est une invitation:

pour les créateurs, à soutenir résolument un financement modernisé  accompagnant, notamment le développement du service public à l’ère numérique,

pour les pouvoirs publics, qui après s’être défaussés de leurs engagements financiers souscrits dans les contrats d’objectifs et de moyens, doivent être au rendez-vous d’une nouvelle donne financière pour l’audiovisuel public.

Et pour les dirigeants du service public à se démarquer encore plus de la programmation des chaînes commerciales .

Gardons en mémoire cette citation d’Hölderlin qui souvent ponctuait les discours de l’ami Jack Ralite :

« Là où croit le danger croît aussi ce qui sauve ».

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