Le dentiste connait la musique

17 mars 2012 par - Weblog

Mes deux  scènes de dentistes préférées au cinéma sont celles entre Laurence Olivier et Dustin Hoffman dans "Marathon Man" de John Schlesinger  et celle désopilante avec Dudley Moore dans " Ten " de  Blake Edwards mais je suis sûr que Bertrand Tavernier en a beaucoup d'autres à proposer

Les dentistes connaissent aussi la musique et j'en veux pour preuve le combat judiciaire mené en Italie, puis devant la CJUE par l'un d'entre eux il signore Del Corso pour ne pas régler à l'association des producteurs de phonogrammes la rémunération équitable qui lui était réclamée en raison de la diffusion de chansons dans son cabinet dentaire.

A la différence des hôteliers, le dentiste n'aura rien à payer car les juges européens ont considéré que son chiffre d'affaires ne pouvait être affecté par cette diffusion et de façon plus savoureuse dans un admirable considérant 38 qu'

"En effet, les clients d’un dentiste se rendent dans un cabinet dentaire en ayant pour seul objectif d’être soignés, une diffusion de phonogrammes n’étant point inhérente à la pratique des soins dentaires. C’est fortuitement et indépendamment de leurs souhaits qu’ils bénéficient d’un accès à certains phonogrammes, en fonction du moment de leur arrivée au cabinet et de la durée de leur attente ainsi que de la nature du traitement qui leur est prodigué. Dans ces conditions, il ne saurait être présumé que la clientèle normale d’un dentiste soit réceptive à l’égard de la diffusion en question."

Bref pour faire oublier à leurs patients, le bruit grinçant de la fraise les dentistes pourront leur faire écouter la dernière compilation d' Adriano Celentano sans bourse délier.

 

 

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Commentaires (8)

 

  1. Lucien Véran dit :

    Musique essentielle ou accessoire ?

    Je me permets d’ajouter à la liste « La petite boutique des horreurs » de Roger Corman (Jack Nicholson y est impayable en patient masochiste) ainsi que la version musicale de Frank Oz où Steve Martin est un dentiste-rocker de premier choix qui chante en opérant ce qui règle (partiellement) le problème.

    Je ne sais ce que pense la SACEM du « considérant 38 » mais c’est très souvent que les patients, voyageurs, flaneurs des boulevards, siroteurs des terrasses, profitent « fortuitement et indépendamment de leurs souhaits » d’une diffusion musicale.
    Que la musique soit accessoire n’en fait pas à mon avis un pur son de la nature reçu indépendamment de la volonté de l’émetteur et l’entendant. La musique est un son (lorsque diffusée et entendue) mais est aussi une oeuvre (dés sa naissance)dont la diffusion au moins suppose un acte volontaire.

    Reste à voir l’effet produit par la musique comme l’on dit à la SACEM. Anesthésiant, euphorisant, crispant ? Le taux de perception si l’effet est « objectivable » pourrait alors varier en fonction du service rendu au patient et au dentiste voire être négatif si la musique accentue la douleur ressentie ! Peut-on alors imaginer la sécurité sociale dans un rôle de SPRD ?

    Au fait que penser des musiques des chambres funéraires ?

    Bonne fin de weekend.

    Lucien Véran.
    Université Paul Cézanne – Euromed.

  2. Phoenix dit :

    Vous qui arguez en faveur des droits d’auteur, la MOINDRE des choses, me semble-t-il, serait de mettre les références des affiches de film. Parce que les droits d’auteur touchent TOUTE création de l’esprit, aussi bien le film, la musique et j’en passe que les affiches de film et il m’apparait important de mettre en exergue ne serait ce que le titre du film et son année.

    J’imagine que vous ne demandez pas leur avis aux maisons de production, alors faites au moins face au désœuvrement cinématographique de vos interlocuteurs sur certains films (loin de moi l’idée de critiquer leurs facultés ainsi que les miennes).

    En tant que bonne juriste, je vous rappelle les bases l’article L 111-1 du Code de la propriété intellectuelle accorde à l’auteur d’une œuvre de l’esprit un droit de propriété incorporelle sur cette œuvre, du seul fait de sa création. Le droit de propriété incorporelle est exclusif et opposable à tous. Il « comporte des attributs d’ordre intellectuel et moral ainsi que des attributs d’ordre patrimonial, qui sont déterminés par les livres Ier et III du présent code ».

    A bon entendeur.

    • Pascal Rogard dit :

      Vous êtes une bonne juriste très sourcilleuse mais en l’occurence il ne s’agit pas d’une affiche mais d’un photogramme du film Marathon Man dont les 2 acteurs à l’image aisément reconnaissables et le réalisateur sont cités .

      • Phoenix dit :

        En l’occurrence, oui mais une simple balade parmi vos différents posts me laisse penser que cet post-ci est une exception à la règle que vous affectionnez.
        Au delà de la règle pure et dure, j’estime qu’il relève d’une certaine « moralité » d’identifier le film concerné.
        Seriez-vous agréablement surpris si vos dires étaient repris par un tiers sans toutefois citer la paternité de ses sources, laissant ainsi croire aux attentifs lecteurs qu’il en est lui-même l’auteur ?
        Bien évidement, je m’écarte de ma requête principale mais le principe reste similaire.
        J’ajouterais que peu importe que le film soit ou non censé être connu.
        Le droit d’auteur ne se limite pas à l’idée populaire de téléchargement (illégal ou non) de données protégées.

        Quant à la réponse que j’adresse à Monsieur Véran, il me semblait évident que votre question n’était que purement rhétorique et ironique qui n’appelait donc aucune remarque.

        Néanmoins, et très brièvement, il me semble que la Cour européenne règle clairement la question, ce ne sont donc là que des suggestions qui vous sont propres.
        D’autant que la clientèle d’un dentiste relève non pas d’un activité commerciale mais civile, ce qui justifie suffisamment cette décision. A moins que vous fassiez partie de ces personnes qui se précipitent chez le dentiste par pur plaisir du concerto offert par le matériel du dentiste.
        En outre, il me semble que, ce ne sont pas les patients qui sont redevables des droits d’auteur auprès de la SACEM, mais bien le professionnel (et ce même s’il répercute cette charge sur le coût de sa prestation médicale). Les caisses de sécurité sociale remboursent les patients via un système de forfait qui ne couvre pas (bien souvent) la totalité de la prestation effectuée.

        Alors, selon ce raisonnement très synthétique, où arrivez vous à voir l’hypothétique intervention de la sécurité sociale ?

        Dans tous les cas, la question serait réglée puisque je suis de ceux qui croit (peut être naïvement me direz vous ) les patients vont chez le dentiste, non pas pour l’ambiance joviale qu’on y trouve mais plutôt parce que leurs petites quenottes les y appellent.
        C’est l’intuitu personae qui prime et non pas les orchidées mauves ornant le petit buffet à l’entrée.
        Il n’existe pas de dentiste à thème, à la manière des cafés et ce pour la simple et bonne raison que leurs activités sont distinctes.
        Dès lors, si ces dentistes supprimaient l’ambiance musicale, perdraient-ils leur clientèle ?

    • Lucien Véran dit :

      Bonsoir.

      Je ne résiste pas à l’envie de reposer ma question (un peu limite je l’admets) à la juriste anonyme :

      « Le taux de perception si l’effet est « objectivable » pourrait alors varier en fonction du service rendu au patient et au dentiste voire être négatif si la musique accentue la douleur ressentie ! Peut-on alors imaginer la sécurité sociale dans un rôle de SPRD ? »

      Bonne soirée.

      Lucien Véran.
      Université Paul Cézanne-Euromed.

  3. loy dit :

    A continuer dans ce genre de demandes, voyons le positif: Un décérébré qui impose sa musique aux autres car il a ouvert la fenêtre et monté le son car le bruit des oiseaux gênait l’audition… ou, autre exemple, transformé sa voiture en boite de nuit… serait redevable, ce qui calmerait sans doute du monde!

    Mais bon, j’ai eu une jolie dentiste grande et blonde (qui diffusait d’ailleurs aussi de la musique dans son cabinet) dans une ville nouvelle au sud-ouest de Paris, il y a une dizaine d’années: La vue de son décolleté suffisant à détourner de leur douleur les plus anxieux, cet effet « objectivable » aurait-il pu me valoir des ennuis à-la-DSK?

    Tout ceci pour dire qu’a force d’objectiver, on pourrait con-jecturer l’absurde!

    • Lucien Véran dit :

      Loy, vous touchez là à une lacune de la protection de la propriété intellectuelle, la non objectivation de l’effet produit par la vue de certaines belles choses (de votre dentiste aux statuts mâles ou femelles des squares)

      Ce que coûterait cette « objectivisation » en condamne l’idée..La rationalité économique rejoint la sagesse populaire et fait fort heureusement des oeuvres de nos jardins publics des biens …publics.

      Bonne soirée.

      Lucien Véran. Aix-Marseille Université – Euromed.

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