L’ultime razzia ?

24 août 2012 par - audiovisuel

 

DR

En ces temps de disette budgétaire, mieux vaut avoir une mine de biafrais que la prestance avantageuse d'un beau gosse en bonne santé.
Pour son malheur le CNC qui bénéficie de ressources parafiscales assurant son autonomie financière dispose d'une trésorerie abondante, certes en partie gagée par les droits au soutien revenant aux entreprises du secteur cinématographique et audiovisuel qui suscite la convoitise des bureaux de Bercy.
L'an dernier ,une première offensive avait abouti à un écrètement des ressources du CNC et au reversement des excédents au budget de l'Etat.
Ce coup de canif dans le système de financement du cinéma français dont la réussite est incontestable et que tous les créateurs européens nous envient avait suscité une levée de boucliers et les critiques vigoureuses de deux anciens directeurs généraux de l'institution Marc Tessier et David Kessler qui conseille désormais François Hollande sur les questions de culture et de Médias.
Mais, ici et maintenant, l'offensive est d'une autre portée puisqu'elle aboutirait, in fine, à la disparition d'une politique de soutien au cinéma qui repose depuis 1947 sur l'idée simple que tous ceux qui diffusent des films doivent contribuer à son développement.
Cette politique qui ne concernait que le cinéma a ensuite été étendue en 1985 par Jack Lang avec le soutien de François Mitterrand à l'ensemble de la création et de la diffusion audiovisuelle.
A l'heure de la télévision connectée, il serait suicidaire de brûler le vaisseau amiral de la création cinématographique en détruisant le principe d'autonomie budgétaire du CNC et en ponctionnant durablement des ressources qui sont nécessaires au développement de notre potentiel créatif dans l'univers numérique.
Que le CNC apporte une contribution exceptionnelle et réaliste aux efforts de redressement budgétaire qui sont demandés à tous n'a en soi rien de choquant, mais les principes de la politique qui assurent le maintien de notre exception culturelle doivent être clairement réaffirmés et confortés au plus haut niveau de l'Etat.
S'il en était autrement, le quinquennat sera tout sauf culturel.

Continuez votre lecture avec



Articles similaires


Commentaires (11)

 

  1. Lucien Véran dit :

    Gage.

    La question de court terme est de savoir ce qui est en effet « gagé » et pour faire court n’existe que par le fait que des créances de producteurs sont encore non-tirées. L’excédent devant être réduit d’autant et ne pas être confondu avec la l’état de la caisse.

    Pour le moyen terme il faudrait nous expliquer comment il peut y avoir excédent dans un système que certains qualifient d’équilibré par nature ou par construction, chaque recette étant affectée par avance à un fond automatique ou sélectif qu’il soit celui du cinéma ou celui de l’audiovisuel. Sont-ce alors les fonds qui manquent de destinataires à sélectionner ou de projets à soutenir, empêchant le CNC de provisionner des dépenses et de siphonner ainsi comptablement son excédent ?

    Bon week-end.

    Lucien Véran. Aix-Marseille Université.

    • Pascal Rogard dit :

      Il existe un temps de latence plus ou moins long entre le moment où les
      crédits sont disponibles pour les producteurs les distributeurs et les exploitants et leur utilisation effective qui dépend de la réalisation des projets d’investissement .
      En outre le montant des crédits générés est complexe à estimer car il dépend du niveau de fréquentation et surtout de la part de marché du film français .

      • Lucien Véran dit :

        Je comprends mais un report sur le budget de l’état suppose de bien mesurer ce qui est vraiment disponible (du à personne) car ne correspondant à aucun projet dans le délai légal. Non ?.

  2. Gabriel Auer dit :

    Cher Pascal,
    Est-ce qu’on lit ton blog en haut lieu ?
    Cette question est trop importante pour ne pas s’assurer, avant qu’il ne soit trop tard, que nos autorités politiques sont toutes prévenus des conséquences éventuelles d’une nouvelle ponction.
    Il faut écrire à David Kessler.
    Je suppose que tu n’as pas attendu mon commentaire pour le faire.
    Mobilisons-nous pour défendre notre système ! Il ne faut pas laisser faire !

  3. Lucien Véran dit :

    Où l’on parle des « écrêtements » du CNC, vous apprécierez les guillemets. Extrait du rapport « FINANCEMENT DU SPECTACLE VIVANT » mars 2012. Page 54.(RAPPORT AU MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION)

    PROPOSITION N° 4 : Affecter au secteur du spectacle vivant une part de la taxe sur les services de télévision due par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI)
    Cette imposition était jusqu’à présent intégralement affectée au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). La loi de finances initiale pour l’exercice 2012 a
    plafonné les ressources du CNC à 700 M€, les excédents, dont ceux de TST FAI,étant reversés au budget général de l’Etat. Il est toutefois envisagé, à terme, d’attribuer le surplus de collecte au profit du futur Centre national de la musique. Sans aucunement remettre en cause le principe de financement du Centre national de la musique par une quote-part significative des « écrêtements » du CNC, la mission suggère qu’une part de la taxe due par les FAI bénéficie également au spectacle vivant, qui aujourd’hui déjà (et sans doute encore plus demain) alimente les contenus de l’offre numérique, au même titre que le cinéma ou la musique enregistrée. »

    Bonne journée.

    Lucien Véran. Aix-Marseille Université.

  4. yl dit :

    Autant après guerre, le soutien paraissait nécéssaire dans un tas de domaine et le cinéma n’y faisait pas exception.

    Par contre, c’est le fait que ce qui a cessé au delà du strict besoin de redressement partout ailleurs, dure encore pour le culturel plus de 6 decennies après qui est une anomalie.

    Si on ajoute tout ce que le secteur fait peser de taxes et de menaces sur le pays, on ne peut qu’applaudir qu’on commence enfin à couper enfin le robinet à finances de cette Grèce intérieure…

    • Pascal Rogard dit :

      Le culturel fait peser des menaces sur le pays
      Waouh….

      • Lucien Véran dit :

        « No culture »

        C’est évident, le crack, les AK47, le moustic tigre, l’alcool, l’intégrisme, les canicules…ne sont rien en tant que menaces pour la civilisation à coté des écrits de Christine Angot, des films de Jacques Audiard et d’une façon générale de l’action malfaisante de tous ceux qui ont la prétention d’imposer à leurs publics les fruits subventionnés de leur génie créatif. « No culture » voilà un slogan d’avenir, même le « délicat » Joseph Goebbels n’avait pas osé.

        Bonne journée.

        Lucien Véran. Aix-Marseille Université.

      • yl dit :

        Un secteur qui pousse à sonder de manière systématique les infra réseau, donc ceux qui les utilisent, représente en effet un danger…

        Je laisse Julien, au pays des Lou-Ravi, à son point Godwin.

Laisser un commentaire en réponse �&á Lucien Véran