Bel canto

16 novembre 2013 par - spectacle vivant

DR

Je suis tombé par hasard sur un article d' Olivier Donnat    sociologue et auteur du rapport sur les pratiques culturelles des français  qui se conclu  ainsi:

   " Au final, il apparaît qu’une politique qui ne renoncerait à lutter contre la logique du cumul qui fait que spontanément « la culture va à la culture » devrait se fixer (au moins)trois objectifs au demeurant parfaitement complémentaires : inscrire durablement l’éducation artistique et culturelle dans les politiques éducatives, doter les établissements culturels des moyens nécessaires à une politique ambitieuse de développement des publics, produire un service public de « culture à domicile » en direction du plus grand nombre. Autant de chantiers considérables qui, pour être menés à bien, réclament enthousiasme et volontarisme, comme aux premiers temps de l’aménagement culturel du territoire. Cessons donc de nous croire modernes en présentant la « question du public » comme ringarde, historiquement dépassée, et affrontons ce qui reste un véritable défi près d’un demi-siècle après la naissance du ministère des affaires culturelles : mettre en œuvre une « vraie » politique de la demande pour sortir la politique de soutien à l’offre de l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui."

En cette période de restrictions budgétaires et même de ponctions bercyennes sur les fonds de roulement des établissements publics ,on ne saurait mieux questionner un ministère de la culture soumis plus que jamais aux pressions des corporations. 
L'opéra est une  expression artistique,  élitiste, couteuse  et difficile d'accès pour ceux qui n'ont pas les codes .
Pourtant grâce aux techniques audiovisuelles et à la numérisation des projections,  les opéras qui ont élargi  leur public avec la télévision sont désormais aussi présents dans les  salles de cinéma qui peuvent retransmettre les productions de maisons prestigieuses comme le Metropolitan Opera de New York ou l' Opéra de Paris 
Cette  conquête même timide avait suscité des réactions effarouchées des distributeurs de films qui avaient obtenu du CNC  la rédaction d'un décret pénalisant les salles de cinéma en quête de diversification et offrant au public des créations normalement inaccessibles .
 Fort heureusement le ministre de la culture de l'époque Frédéric Mitterrand avait bloqué cette initiative contraire à l'idée de démocratisation culturelle.
L'Opéra de Paris soucieux d'élargir son public a créé une filiale de production audiovisuelle qui outre les retransmissions télévisuelles et dans les salles de cinéma lui a permis de lancer l'été dernier à titre expérimental le concept d' opéra d'été qui permet d'organiser en plein air des projections gratuites de spectacles dont il assure la captation.
Cette opération devrait se développer en 2014 grâce à des partenariats avec l'association des maires de France   et sans doute la société du tour de France .
Ces manifestations  qui remportent un réel succès populaire devraient  être favorisées par les institutions qui dépendent du ministère de la culture .
 Mais là avec malheureusement plus de succès que  précédemment le poids des corporations est tel que le CNC a imposé à la filiale de production audiovisuelle de l'Opéra de Paris une exclusion du bénéfice des  aides publiques normalement attribuées pour ce type d'activité .
Les sommes en jeu sont dérisoires par rapport aux ressources du compte de soutien ce qui rend encore plus misérable une  mesure, pitoyable exemple du féodalisme de la politique culturelle .
Les nouvelles technologies et plus particulièrement les outils numériques sont une chance pour la démocratisation de la culture .
Encore faut-il que l'Etat soit cohérent dans ses choix et fasse de l'accès  aux œuvres la condition sine qua non de toute aide publique.
 
 
 
 
 

Continuez votre lecture avec



Articles similaires


Laisser un commentaire