Merci mille fois merci
17 mai 2017 par Pascal Rogard - économie numérique
Merci, mille fois merci ... Red Hastings le patron de Netflix peut remercier les responsables de la Fédération des cinémas français pour la remarquable campagne internationale de publicité généreusement offerte à son service de VàD par abonnement en demandant le retrait de deux films de la compétition officielle du festival de Cannes .
Motif de la sanction pour ces films financés par Netflix : le non respect de la règle sacro sainte qu'un film de cinéma doit sortir en salles sous peine de n'être qu'un vulgaire téléfilm,un pilote de séries , un machin numérique indigne d'être accueilli sur les marches les plus célèbres du monde
Autres motifs le non respect de nos règles fiscales et le contournement de toutes les obligations qui ont assuré la vitalité du cinéma français .
Netflix connu d'abord pour la qualité de ses séries ne pouvait rêver de meilleure promotion de son offre cinématographique qui incontestablement n'est pas son point fort juste avant l'ouverture du plus prestigieux des festivals de cinéma et cerise sur le gâteau l'année de son soixante dixième anniversaire .
Sonnés par la polémique Pierre Lescure et Thierry Frémaux aidés par le CNC ont réagi en maintenant la programmation des films contestés mais en proposant de modifier le règlement pour exiger une sortie salles en France .
Décision difficile à appliquer car beaucoup de films arrivent à Cannes sans distributeur et c'est justement leur exposition dans la compétition qui leur permet de trouver le chemin des salles .
Mais cette polémique aura surtout mis en lumière la fragilité du maintien du modèle français dans un univers globalisé avec une Union Européenne incapable de réagir rapidement et fermement pour établir des conditions de concurrence loyale ,l'équité fiscale et l'égalité de traitement dans le financement de la création.
Soyons clair notre chronologie des médias est complètement dépassée et doit être refondée sur les seules bases de la contribution au financement de la création en enlevant le côté punitif des règles applicables aux nouveaux acteurs de l'internet et en prévoyant, retour aux origines, les souplesses qui tiennent compte de la vraie vie des films en salles .
Pour le reste pourquoi prendre en otage les dirigeants du festival de Cannes ?
Les vrais responsables occupent les bureaux du Berlaymont .Ils s'appellent Juncker, Ansip etc ...
Ils sont incapables de penser une Europe du cinéma qui construirait une régulation adaptée aux évolutions technologiques et mettrait ces technologies au service des créateurs .
Leur passivité à favorisé toutes les tricheries fiscales et tous les contournements des réglementations de soutien à la création.
Alors évitons de choisir des boucs émissaires car pour gagner les batailles, il faut d'abord ne pas se tromper d'adversaire .
Continuez votre lecture avec
- Article suivant : L’argent des autres
- Article précédent : Mission impossible
Articles similaires
Commentaires (2)
Laisser un commentaire
Bien sûr, la qualité des oeuvres et leur accessibilité sont essentiels. Mais le périmètre de Netflix est mondial et le Berlaymont n’y peut pas grand chose. Gageons que les happy few Cannois s’adapteront si à l’instar des grands de la cosmétique les grands de la distribution numérique mettent la main à la poche et financent quelques raouts festivaliers.
Bonne journée.
Lucien Véran.
L’UE a favorisé le dumping fiscal et donné une prime au moins disant culturel.
Rien à voir avec les raouts cannois au demeurant de moins en moins festifs.