Retour de Cannes
29 mai 2012 par Pascal Rogard - économie numérique
Seuls quelques cinéphiles assidus et des critiques dont c'est le métier peuvent porter un jugement éclairé sur le palmarès du festival du film de Cannes.
Le festivalier de base à rarement tout vu et doit souvent plus regretter les absents que se féliciter des promus.
Outre le plaisir des films, Cannes est aussi le lieu cinématographique le plus fréquenté au monde et souvent en raison du calendrier électoral le bel endroit de passage des nouveaux maîtres de la politique.
En l'occurrence le maître est une maîtresse et Aurélie Filipetti après une conviviale passation de pouvoirs avec son prédécesseur a su gravir les fameuses marches accompagnée non du cortège habituel de stars et de courtisans fraichement promus mais entourée d'élèves de la FEMIS.
Après avoir sur France Inter sérieusement éreinté la réponse graduée, la ministre de la culture et de la communication a soigneusement évité devant l'ensemble de la profession cinématographique rassemblée pour le bilan du CNC les sujets qui fâchent.
Elle a au contraire affirmé un souhait de concertation approfondie et clairement indiqué que le gouvernement n'imposerai pas de solutions toutes faites en rappelant fermement que le dossier de la culture numérique était le sien.
La probable nomination de Pierre Lescure pour piloter cette concertation est un élément rassurant car ce choix est celui du président lui même .
L'ancien patron de Canal Plus n'ignore rien des modalités de financement du cinéma français, de la nécessité de préserver les exclusivités de diffusion, mais sait également tout des blocages corporatistes qui l' affectent .
Ces démarches positives pour la création ont bien sûr immédiatement inquiété les Robespierre et Robespaul qui rêvent de couper la tête du droit d'auteur et de revenir aux douces époques où les artistes vivaient de l'air du temps, de la charité publique et de la générosité des mécènes.
Les folliculaires numériques spécialistes du copié-collé ont déjà commencé à relayer cette crainte que le gouvernement ne continue à soutenir la création française et les vendeurs de produits asiatiques ont allumé leurs lampions pour réclamer de grands changements de la rémunération copie privée.
Voir s'agiter cette cour des miracles qui rassemble mendiants et voleurs est un plaisir que seul le plus grand festival du monde peut faire oublier.
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Commentaires (3)
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SOPA puis PIPA et puis voila.
Pour alimenter le débat (voir : http://mediamerica.org/paysage-audiovisuel/anti-piraterie/le-center-for-copyright-information-sapprete-a-lancer-sa-campagne-anti-telechargement/ )
« Le Center for Copyright Information, organisme dédié à la protection du consommateur a annoncé le lancement de mesures destinées à la prévention du téléchargement illégal sur Internet. Formé en septembre 2011 d’un effort conjoint entre les créateurs de contenus des industries de la musique et du cinéma et, d’autre part, les fournisseurs d’accès à internet (FAI), le CCI a mis sur pied son programme d’action.Cet accord volontaire réunit au sein du CCI les majors de la musique et du cinéma (les associations professionnelles Motion Picture Association of American, Recording Industry Association of America et leurs membres sont adhérents), et les cinq grands fournisseurs d’accès internet (AT&T, Cablevision, Comcast, Time Warner Cable et Verizon). L’accord se pose en solution suite à l’échec des projets de loi SOPA (Stop online piracy Act) et PIPA (Protect intellectual property Act) qui avaient provoqué une mobilisation sans précédent des internautes et consacré le pouvoir de la sphère internet (acteurs comme utilisateurs) face aux industries de la musique et du cinéma.
Selon le CCI, le téléchargement illégal pèserait pour 16 milliards de revenus non perçus, 2,6 milliards de taxes impayées et pas moins de 373 000 emplois dans l’économie américaine. »
Bonne journée.
Lucien Véran. Aix Marseille Université. Euromed.
De méme que l’automobile et le train ont « tué » presque tous les emplois liés aux chevaux en leur temps… Sans parler de tous ces moines copistes privés de leur unique source de revenus par ce satané Gutenberg.
Il serait peut-être temps de séparer l’intérêt des arts et des artistes de celui des copistes, avant que ces derniers n’enfoncent la société entière dans un rêve d’ancien régime.
Les moines copistes le retour