Bas du front

21 septembre 2021 par - Weblog

Ceux qui regardent les Jeux Olympiques savent que c’est souvent dans la dernière ligne droite que les choses importantes se décident. De toute évidence, le monde politique est en train d’aborder le dernier virage, même si la liste des candidats en lice pour la prochaine élection présidentielle dépasse encore le nombre de couloirs autorisés pour ce genre de courses.

 L’écrémage va se poursuivre, entraînant chutes, désistements et ralliements de candidats, mais espérons surtout que la politique culturelle et son avenir pourront faire l’objet d’un débat utile, loin des caricatures et des propositions démagogiques.

L’annonce par Marine Le Pen de sa volonté de privatiser l’audiovisuel public n’augure malheureusement rien de tel.

Il faut  rappeler que cette proposition aurait pour conséquence de faire disparaitre le service public, indispensable au financement de la création française et au pluralisme de l'information et d'affaiblir considérablement les chaînes privées qui seraient confrontées à un renforcement de l’offre publicitaire, synonyme de chute des prix et des recettes.

 Au football c'est le coup du sort le plus redouté par les défenseurs le  but contre son camp et en politique audiovisuelle, une erreur majeure alors que l’urgence est de consolider le secteur privé face aux nouvelles concurrences des acteurs de la publicité en ligne et des services de vidéo à la demande et parallèlement de renforcer un service public plus que jamais nécessaire face à l'impérialisme du commercial.

 Soyons sûrs que d’autres propositions loufoques ou dangereuses émergeront tout au long d’une campagne qui promet d’être longue.

Certains se résigneront à en être des spectateurs silencieux, la SACD, elle, s’y plongera pleinement pour être un acteur du débat au service des auteurs, de la création mais aussi des publics, notamment les jeunes, qui sont souvent les grands oubliés d’une politique culturelle centrée sur la seule offre.

 Sans perdre de temps, faisons dès aujourd’hui une proposition qui devrait plaire si l’on en croit l’intérêt pour l’éducation artistique et culturelle chaque candidat ou candidate ne manquera pas de revendiquer : le lancement d’un grand plan pour le théâtre à l’école.

 Alors qu’un plan pour les chorales avait été décidé dès 2017 par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, le théâtre n’a pas bénéficié des mêmes attentions.

Et pourtant, nous avons tous les atouts pour que l’école ne soit plus le maillon faible dans la construction d’un lien entre les jeunes et le théâtre qu’elle est aujourd’hui : des créateurs disponibles ; un tissu inégalé de professionnels soit à travers des compagnies ou des lieux comme les scènes nationales ou les centres dramatiques nationaux ; une volonté de l’Education nationale de renforcer les compétences orales des élèves.

 Le développement d’activités théâtrales dans les établissements scolaires recouvrirait deux enjeux majeurs.

D’une part, le chantier de la démocratisation culturelle, toujours mis en avant mais jamais achevé, gagnerait à s’enrichir d’un renforcement de la pratique théâtrale à l’école. C’est non seulement un moyen idéal de favoriser la transmission des savoirs en luttant contre l’intimidation sociale mais aussi une voie pour construire un rapport avec la langue française.

D’autre part, l’élaboration d’un projet collectif théâtral répond à une logique de socialisation qui ne peut être que positive et émancipatrice.

 Bien d’autres actions devraient être envisagées pour mieux soutenir la création théâtrale contemporaine française et accompagner des auteurs qui méritent plus et mieux et qui sont très souvent la dernière roue du carrosse. Mais, consacrer la place du théâtre à l’école et son apport pour la jeunesse vaut bien, non pas une messe, mais un engagement présidentiel.

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