Après la diversité culturelle une nouvelle invention québécoise la découvrabilité

10 mai 2022 par - Weblog

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Dans l’attente d’un nouveau gouvernement, il n’est jamais trop tard pour prendre un peu de hauteur et de recul, en pensant notamment à l’air vivifiant de nos cousins du Québec et à leur appétit de culture.

Cette lointaine province, qui a su porter haut les couleurs de la langue française, a pris aujourd’hui de l’avance sur nous pour repenser la visibilité des œuvres locales sur les plateformes numériques.

Si nous avons, en Europe, obtenu la directive sur les services de médias audiovisuels pour intégrer les services numériques au financement et à l’exposition de la création, reconnaissons au Québec d’avoir inventé la découvrabilité  c’est-à-dire la capacité d’une œuvre à être disponible en ligne et à pouvoir être facilement repérée par le public.

Le concept a difficilement franchi le mur de l’Atlantique mais progresse désormais dans la stratégie culturelle de la France. A travers une initiative conjointe entre la France et le Québec, un appel à projets vient d’être lancé pour soutenir des projets qui pourraient favoriser la découvrabilité des œuvres francophones.

Plus important encore, la France a obtenu un communiqué à l’issue de la dernière réunion du Conseil des ministres européens qui, pour la première fois, reconnait la nécessité de travailler sur la découvrabilité.

Comme souvent en diplomatie, le poids des mots compte et derrière ce qui semble relever de l’anodin se cache en fait une innovation qui a du poids. Et de l’avenir pour peu que nous sachions nous en servir.

Alors que faire de la découvrabilité ?

Bien la comprendre déjà car si la découvrabilité impacte différemment tous les secteurs de la culture, à travers le rôle des algorithmes qui orientent les choix des internautes ou la part que les plateformes représentent dans les ventes d’œuvres d’art, de musique, de livres, tous sont évidemment concernés par cet enjeu.

Pour y parvenir, nous aurons besoin d’identifier les enjeux : ils passent par une meilleure compréhension de l’environnement numérique, par une amélioration des capacités et des compétences des professionnels de la culture à mieux utiliser les outils numériques pour rendre les œuvres plus facilement disponibles et repérables en ligne, par un soutien accru aux services numériques locaux qui sont souvent mieux-disant dans la mise en avant de la création locale, nationale et européenne.

Il faudra également en faire un objectif politique majeur sur la scène européenne car la prochaine étape de la régulation du numérique réside sans doute dans notre capacité à assurer une visibilité renforcée à la création européenne sur les services numériques, un accès plus simple aux œuvres sur ces plateformes et inévitablement à mener une réflexion sur le lien à créer entre les algorithmes et la diversité culturelle. Là où nous avons pu construire des politiques qui, comme pour l’audiovisuel et le cinéma, ont fixé de nouveaux engagements quantitatifs en faveur de la création, grâce à la directive SMA, ambitieusement transposée par le gouvernement français, les prochaines années doivent nous conduire vers de nouvelles politiques publiques, en France comme en Europe, qui apportent de solides réponses à ce défi de la découvrabilité.

C’est à l’évidence un enjeu de taille que le futur gouvernement devra saisir et développer pour que l’élan de la Présidence Française de l’Union, qui s’achèvera en juin, ne reste pas lettre morte. Mais, il appartient aux professionnels de la culture de savoir s’organiser et se mobiliser pour que l’Europe réponde à cet enjeu de la découvrabilité.

La coalition française pour la diversité culturelle que j’ai l’honneur de présider, compte bien y jouer un rôle de premier plan. A suivre….

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