Tempête à Deauville

1 octobre 2009 par - audiovisuel

Le congrès de la fédération des exploitants de salles de cinéma (FNCF) est un des moments forts de l'année cinématographique, car comme pendant le festival du film de Cannes, il réunit de nombreux professionnels de tous les secteurs.

Cette année un remarquable  " flashback " a fait resurgir le conflit exploitants distributeurs sur le partage de la recette qui avait dominé tous les congrès entre 1948 et le début des années 80.

Ceux qui veulent se plonger dans cette histoire de taux de location et bien d'autre petits et grands secrets du cinéma français , lirons avec délectation la somme en deux volumes de Gilbert Grégoire "Notre cher cinéma ".

Les raisons de cet effet rétro sont à rechercher dans le sérieux coup de mou de la fréquentation qui affecte beaucoup de petits et moyens exploitants et dans la volonté des dirigeants de la Fédération de maintenir l'unité syndicale derrière un mot d'ordre unique et populaire "Rémunérons moins les films"

Il est exact que la bonne tenue des entrées nationales masque une profonde disparité au détriment des petits et moyens qui souvent peinent à accéder rapidement aux films et sont en situation de faiblesse dans le rapport économique avec les distributeurs.

Une situation inverse pour les nababs de la profession qui à défaut d'être fitzgeraldiens ne sont pas sans responsabilité dans la dégradation des résultats de leurs confrères moins bien lotis, car les grands multiplexes véritables aspirateurs à spectateurs ont une zone de chalandise très étendue.

Mais de celà, il ne fut pas question car l'heure était à l'unité entre petits, moyens et gros ces derniers allant même dans un émouvant mouvement de solidarité jusqu'à quitter la salle au coté des deux premiers, lorsque dans une théâtrale mise en scène digne du choeur antique d' Oedipe à Colone , les congressistes ont brusquement déguerpi pour montrer à Véronique Cayla  qui étrennait son nouveau titre de présidente du CNC ce que serait l'exploitation dans 5 ans si ce satané taux de location n'était pas abaissé par la force injuste de la loi.

Véronique Cayla fit courageusement front,volleyant près du filet et répondant  à toutes les interpellations que les situations étant de fait différentes ,elle ne pouvait y remédier que par des mesures ciblées en faveur des plus défavorisés et annonçant justement  une série de dispositions pour aider à la numérisation et à l'adaptation des salles aux contraintes de la réglementation sur les personnes handicapées.

Elle aurait pu aussi ajouter que déshabiller les uns pour habiller les autres est une politique de gribouille sachant que le fonds de soutien est mécanisme suffisamment sophistiqué pour permettre de réaliser l'objectif  légitime du maintien d'un parc de salles diversifié garant du pluralisme de la diffusion et de la création.

Heureusement le soir le congrès s'amuse et  Agnès Varda invitée d'honneur fut épatante se moquant gentiment des organisateurs qui lui avaient réservé un hébergement Royal, bien au dessus des résultats de ses films en salles.

A retenir aussi l'émotion de Pierre Pezet l'avignonnais, président d'honneur de la Fédération qui avait connu Agnès lorsqu'elle photographiait les premiers pas de Jean Vilar et l'arrivée surprise de Corinne Marchand interprétant la chanson de "Cléo de à 7"

Et puis comment se lasser de la gaieté entrainante d' Axel Brucker fidèle au poste d'animateur de la Soirée.

Marc Olivier Sebag et toute l'équipe de la FNCF ont encore réussi un beau congrès que j'ai quitté en pensant très fort et amicalement au président des montreurs de films Jean Labé qui surmontant une peine familiale avait tenu à rester fidèle à son poste.

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Commentaires (3)

 

  1. Lucien Véran dit :

    Bonjour,

    Deux questions pour éclairer la discussion,la première à transmettre peut être à la FCNF :

    – Au sein de la FNCF existe t il un consensus pour une « régulation » (sans parler d’une administration) des taux de location ou au contraire pour convenir que le niveau de ce taux est une affaire purement contractuelle ?

    D’un coté une formule de « taux unique » avec tous les biais inhérents à la formule (les gros films dans les grandes salles) de l’autre la possibilité de librement moduler, peut être dans un cadre un peu aménagé, le taux en fonction des efforts des uns et des autres (efforts et investissements des salles, efforts de promotion des distributeurs)

    – Les auteurs (la SACD) ont ils une préférence, ou essentiellement déjà payés comme techniciens considèrent ils que ce débat n’est pas le leur ?

    Bonne journée.

    Lucien Véran.

    • Pascal Rogard dit :

      La demande de la FNCF est une baisse généralise du taux maximum de location qui passerait pour la part film d’un maximum de 50% de la recette salles à 45%.
      C’est une réponse générale à une situation differenciée puisque les difficultés de fréquentation ne concernent que les petites et moyennes entreprises.
      Les auteurs sont évidemment hostiles à cette mesure qui baisserait leur rémunération qui de par la loi est proportionnelle au prix public ponderé par le taux de location de façon à ne pas dissocier les interêts des auteurs de ceux des producteurs et distributeurs.

  2. Axel dit :

    Merci, Pascal, pour le compliment.

    Et puis, jeudi, la journée « marathon » des distributeurs avec la présentation de 214 films à venir et dont le niveau général est très encourageant pour le bonheur des spectateurs et des « montreurs de films » (comme le dit joliment Agnès Varda). Une bonne année 2010 à venir… apparemment !

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