Pourquoi changer ?

27 octobre 2013 par - Weblog

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Comme chaque année la profession cinématographique arpistes en tête s'est retrouvée à Dijon  sous la présidence d'honneur de Pierre Lescure pour débattre des sujets qui l'agitent.

L'atmosphère était à la convivialité retrouvée puisque producteurs et techniciens avaient enfin réussi à s'entendre sur une convention collective dont l'extension garantit à tous le respect de normes sociales homogènes, même si des dérogations sont prévues pour ne pas pénaliser les films aux budgets plus modestes.
 Les pouvoirs publics ministre en tête et le Cnc se sont beaucoup impliqués pour mettre fin aux affrontements dont les producteurs les plus lucides comprenaient qu'ils portaient gravement atteinte  à l'image du cinéma et donc à une politique de soutien sans laquelle beaucoup d'entre eux n'existeraient pas.
Exception culturelle ne saurait rimer avec exception sociale et on ne louera jamais assez la lucidité  d' Alain Sussfeld le directeur général d'UGC qui en lançant la dynamique de la convention collective comme celle en son temps de la transparence à l'égard des auteurs a compris avant tous les autres que la régulation externe dont le secteur est friand implique l'exemplarité interne.
Mais les vieux démons qui hantent les couloirs des  organisations de producteurs indépendants  ont vite repris le dessus et Aurélie Filippetti au lieu de recevoir les lauriers et fleurs mérités par son action de pacification sociale et son combat victorieux en faveur de l'exception culturelle a été destinataire d'une missive aussi étrange qu' irrespectueuse lui enjoignant de se taire sur le sujet de la chronologie des médias et de ne porter aucune atteinte fut elle légère à l'accord qui dresse une muraille de Chine entre les films et leur public potentiel .
Munis de ce précieux viatique, il ne restait plus à Rodolphe Belmer et Nonce Paolini  ,pour une fois au diapason, qu'à dérouler les longues foulées de leur hostilité aux propositions de réforme avancées par Pierre Lescure en mélangeant sans nuance la légitime protection de leurs exclusivités et l'intangibilité de règles qui soumettent au même régime les élus de toutes les fenêtres audiovisuelles et les sans grades condamnés à l'oubli.
Finalement ,c'est Richard Patry le président de la FNCF qui tout en rejetant l'idée d'une diminution de 4 à 3 mois de la période de protection des salles a été le plus ouvert à une amélioration des conditions de la dérogation prévue par le législateur, mais rendue inopérante pas des règles trop contraignantes.
Curieux monde où ceux  qui ont réclamé et obtenu un assouplissement des règles sociales en faveur des œuvres moins bien financées leur refusent un accès plus rapide aux supports de diffusion numérique préférant les voir croupir dans les hangars de stockage.
La partie du débat sur la piraterie a du sonner agréablement aux oreilles du président du Csa Olivier Schrameck car comme lui  les professionnels unanimes ont fait état d'une recrudescence des téléchargements illicites qui pénalise fortement l'offre légale.
Révision du régime des hébergeurs, sanctions financières pour les entreprises qui enrichissent les mafieux en annonçant sur leurs sites ... autant de propositions qui ont fait consensus et auxquelles Patrick Bloche s'est déclaré ouvert car si la contrefaçon numérique des particuliers  est une hydre tentaculaire difficile à vaincre celle des entreprises ne suscite l'indulgence de personne.
Il faudra donc  encore beaucoup de persuasion et d' opiniâtreté à Aurélie Filippetti et Frédérique Bredin pour faire évoluer les uns et les autres , à moins toutefois que les chèques d'un puissant opérateur américain ne dispersent à tout vent les oiseaux qui obscurcissent le ciel.

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