Hémiplégie

4 février 2016 par - audiovisuel

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©Studio Canal

Pas de création sans auteurs !

C’est sans regret que nous quittons cette année 2015 qui a vu la barbarie et l’obscurantisme s’abattre sur notre pays, détruire des vies et vouloir nous faire renoncer à ce que nous avons de plus cher : notre liberté de vivre, de penser et de se moquer. Ne nous y trompons pas : parce qu’elle est liberté, réflexion et émancipation, la culture est aussi une cible pour tous ceux qui détestent nos sociétés et nos différences. Souhaitons donc que cette année 2016 fasse résonner encore davantage de créativité, de diversité et que les auteurs puissent raconter encore plein de belles histoires.

Espérons de bonnes nouvelles car les urgences sont nombreuses. Pour garantir le financement des oeuvres. Pour assurer la pérennité des droits des auteurs. Pour permettre une bonne exposition des oeuvres. Pour défendre la rémunération des auteurs. Pour soutenir la démocratisation culturelle et l’égalité entre les femmes et les hommes. La liste n’est évidemment pas exhaustive tant le monde change vite, bouleverse les façons de penser et impose d’être vigilant, inventif et actif pour toujours mieux défendre la cause des auteurs et de la création

La SACD s’y attellera avec détermination, notamment dans le projet de loi sur la création qui poursuivra cette année son parcours au Parlement. A ce titre, l’inscription du soutien à la création contemporaine d’expression française dans les objectifs de la politique du spectacle vivant est une victoire qu’il va falloir conforter. L’obligation d’exploitation suivie des oeuvres, notamment sur les plateformes de vidéo à la demande, est une autre avancée à défendre pour rendre les oeuvres plus aisément accessibles au public. Les méandres des débats parlementaires permettront peut-être de parvenir encore à d’autres évolutions positives pour les créateurs et leurs oeuvres.

Au-delà de ce projet de loi, la réforme de la réglementation audiovisuelle qui encadre le financement et la diffusion de la création va se poursuivre. La concertation va notamment se prolonger entre chaînes de télévision et producteurs pour affiner la répartition entre production indépendante et production dépendante.

Mais, si l’acte 2 de la réforme audiovisuelle se résume uniquement à de nouvelles règles entre producteurs et diffuseurs, disons-le tout net, le compte n’y sera pas pour les auteurs. La France peut assurément se vanter d’avoir construit une politique de soutien à la création audiovisuelle patrimoniale ambitieuse et efficace. Elle garantit une pérennité du financement des oeuvres originales, indispensable au rayonnement et à la diversité de la création. Il n’en reste pas moins que ce cadre réglementaire est dangereusement hémiplégique. Tout est fait pour réguler, dans les moindres recoins et les plus petits détails, la relation entre les diffuseurs et les producteurs. En revanche, rien n’est fait, ou du moins pas grand-chose, pour protéger les auteurs qui sont pourtant, pour la très grande majorité d’entre eux, dans un rapport de force déséquilibré face aux producteurs et souvent hors des radars pour les chaînes.

Sauf à penser que les auteurs sont un élément négligeable dans la création française, rien ne justifie que le processus de création et les conditions, de travail comme de rémunération des auteurs, ne soient pas davantage encadrés. C’est une nécessité. C’est pourquoi nous demandons instamment l’ouverture d’une concertation et de négociations, impliquant les producteurs, les chaînes de télévision et les pouvoirs publics, pour avancer enfin dans la voie d’une sécurisation des auteurs, scénaristes comme réalisateurs, du renforcement de la transparence des redditions de compte et des conventions signées et d’un encadrement de la création à tous les échelons.

Lire la suite dans le dernier numéro du journal des auteurs .

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