Se coucher de bonne heure

24 octobre 2020 par - audiovisuel, Cinéma, spectacle vivant

DR

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure »…

La modernité de Marcel Proust n’aura jamais autant résonné qu’en ces temps de couvre-feu où le plaisir d’une pièce de théâtre nocturne ou de la séance de cinéma du soir a subitement été remplacé par l’impérieuse nécessité d’avoir rejoint son foyer pour 21h.

L’époque actuelle l’aurait sans doute conduit à ajouter que la soirée s’écoula devant un film très récent qui, au lieu de sortir en salles, était directement disponible sur une plateforme à la demande !

Car s’il y a une évolution à anticiper, c’est non seulement celles des usages des spectateurs, de plus en plus centrés vers le numérique mais aussi désormais la multiplication des sorties directes des films sur les plateformes au détriment de la salle. Mulan avait inauguré le mouvement l’été dernier avant qu’à nouveau Disney annonce la sortie de Soul sur sa plateforme pour Nöel, privant les salles de films qui auraient fait grimper en flèche leurs fréquentations. A son tour, même Gaumont vient de renoncer à la sortie du nouveau film d’Olivier Marchal, Bronx, en salles pour privilégier sa diffusion sur Netflix.

L’annonce du couvre-feu, pour une durée initiale de 4 semaines mais qui pourrait durer plus longtemps, va inévitablement renforcer cette dynamique. Sans visibilité et avec des exploitations forcément moins nombreuses, privées des écrans du soir, le risque de la sortie en salles sera encore renforcé pour des distributeurs très fragilisés par la crise.

Drôle d'époque que celle où le ministre de la relance plaide contre la ministre de la culture pour la fermeture à 21h des cinémas et des théâtres et donc le quasi arrêt de leur activité économique.

Demain, quel avenir pour les salles ? Quel avenir pour les films de cinéma ?

La question sera centrale en 2021, aussi bien celle de la diffusion des films que celle de son financement. Elle l’est d’ailleurs déjà maintenant avec les discussions engagées pour réécrire le décret SMAD et les obligations de financement assignées aux plateformes.

Alors que certains rêvent du beurre, de l’argent du beurre et du sourire de la crémière américaine, la déflagration que vit actuellement le football français, victime de son péché de gourmandise avec Mediapro, devrait rendre plus raisonnables les féroces appétits aperçus dans le monde du cinéma.

Pour déterminer le socle de cette nouvelle politique, on ne pourra pas ne pas tenir compte de la nature des services, de leur offre éditoriale comme du visionnage des œuvres, de la chronologie des médias… sans perdre de vue un objectif qui devrait tous nous fédérer défendre l’attractivité du cinéma pour les salles et la renforcer pour les plateformes !

Contribution publiée par Satellifax pour son 25 ème anniversaire

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