Carnet de campagne chez les démagogues

3 novembre 2021 par - audiovisuel

©Corona

Il n’y a pas qu’à Dallas que l’univers est impitoyable !

Le populisme qui règne en maître dans cette pré-campagne électorale s’est trouvé un ennemi fédérateur : l’audiovisuel public.

Après les premières flèches décochées par Marine Le Pen pour supprimer dans un même mouvement la redevance audiovisuelle et l’audiovisuel public, Eric Zemmour son possible concurrent direct ne pouvait pas être en reste. Il a évidemment surenchéri, s’alignant sur cette proposition et évoquant même un « racket ».

Tout est détestable dans cette histoire : l’absence de vision pour le service public, l’attaque purement idéologique, la déstabilisation des chaînes privées par ricochet qu’occasionnerait une privatisation des chaînes publiques… Et puis l'affaiblissement de l'audiovisuel français et de la création pour le seul bénéfice des plateformes américaines… un grand remplacement.

Pour autant, l’heure des choix approche pour l’audiovisuel public et son financement.

L’heure de la responsabilité même car ce qui est devenu un véritable serpent de mer de la vie politique française – on se rappelle notamment la volonté de Bercy en 2000 de supprimer la redevance audiovisuelle… qui se termina par la suppression de la vignette automobile ! – mérite mieux que les renoncements qui se sont succédé, les atermoiements calculés et finalement, trop souvent, ce qui ressemble à un manque de courage.

On peut être un ardent défenseur du financement public de l’audiovisuel public et considérer que la redevance, rebaptisée entre temps contribution à l’audiovisuel public, est désormais inadaptée et archaïque.

Assise en situation bien inconfortable, d’une part, sur une taxe d’habitation qui va disparaitre l’an prochain et, d’autre part, sur la détention d’un poste de télévision alors même qu’un nombre croissant de foyers ont accès au service public sans détenir de postes de télévision, la redevance est appelée à se réformer et vite.

A défaut, elle court le risque de créer des discriminations entre les citoyens, puis de rapidement s’éroder, affaiblissant d’autant les ressources du service public, et finalement de ne plus pouvoir être perçue.

Le Premier ministre Jean Castex qui a constamment montré son souci de défendre la création a missionné les inspections générales des finances et des affaires culturelles pour mener un travail d’analyse approfondie sur les différentes pistes de réformes.

Il leur suffira sans doute de relire les nombreux rapports qui pèsent sur bien des étagères mais surtout de tenir pleinement compte des principes clés que la ministre Roselyne Bachelot, au nom du gouvernement, a tenu à rappeler lors de la Commission de la Culture et de l'éducation le 26 octobre :

- des ressources pérennes

- adaptées à la réalité des usages

- respectueuses de l’équité fiscale

- assurant un rendement équivalent à la redevance actuelle

- et garantissant aux entreprises de l’audiovisuel public la prévisibilité de leurs moyens et de leur indépendance.

Tous ceux qui soutiennent l’idée d’un service public exigeant et populaire, à la hauteur de ses missions et de ses responsabilités et à qui on donne les moyens d’assurer la mise en œuvre de cette offre, à la télévision comme à la radio, en linéaire comme en non-linéaire, reconnaitront qu’il s’agit là d’un cap qui nous emmène dans une bonne direction.

Il rejoint aussi les nombreuses positions des parlementaires, députés comme sénateurs, de la majorité comme de l’opposition, qui ont milité ces dernières années pour une réforme juste et ambitieuse du financement de l’audiovisuel public.

Cette orientation pourrait avoir une traduction très simple : la création d’une contribution universelle. Ce modèle éprouvé en Europe a pour lui d’être à la fois moderne en permettant de sortir du débat sur les modes de réception visées mais aussi d’être porteur d’une réforme économique efficace et socialement juste.

Tout en instaurant une contribution qui pourrait être progressive et s’adapter aux ressources du foyer, faisant dans le même temps des « gagnants » dans cette réforme, cette contribution pourrait aussi avoir un rendement dynamique.

Finalement, puisque certains ont décidé de faire de la présidentielle un tremplin à des idéologies populistes, dangereuses autant pour le vivre-ensemble que pour l’avenir de la création, dessiner dès à présent les contours d’un financement rénové de l’audiovisuel public serait faire œuvre d’intérêt général et rendre justice à un service public de l’audiovisuel dont les missions sont irremplaçables dans notre société.

Il nous le montre tous les jours, n'en déplaise aux habitués des chaines Infos.

 

Commentaires (2)

 

  1. myl dit :

    En même temps, pourquoi la culture a besoin en France d’être sous perfusion via des rentes diverses en croissance constante.
    Si cela plaisait, cela se vendrait assez bien pour vivre sans taper le citoyen, ce qui n’est jamais une très grande marque de respect.

    Entre un régime des intermittents qui permet aux gros poissons de la « création » de s’en foutre plein les poches sur le dos du pays, les redevances (TV, copie privée) et subventions (nationales, locales), il ne faut pas se plaindre si un jour le cochon de payeur pète un plomb dans l’isoloir.

    Vous y aurez eu votre part!

    • Pascal Rogard dit :

      Renseignez vous les « gros poissons » ne bénéficient pas vraiment du régime des intermittents car il y a un délai de carence qui reporte le versement des allocations chômage.
      Pour le reste hors anonymat je vous répondrai.

Laisser un commentaire